vendredi 6 janvier 2012

Les vrais mystères de la pensée indoue à la lumière d'Occident (Introduction à la Bhagawat Geeta - 1° volet)

INTRODUCTION À LA BHAGAWAT-GEETA



Si l’on prend de l’eau à 10 °centigrades et une autre à 20°, la première est froide et l’autre chaude. Mais si nous prenons une troisième eau à 30°, les deux autres deviennent alors froides ! Aux vérités préalables succèdent, toujours, d’autres plus élevées. A l’infini, de manière exponentielle.

En ce contexte, la Vérité ne saurait pas être un acquis. Elle sera, plus fondamentalement, un vécu ontologique, le fruit du dépouillement des vérités contingentes, éphémères, qu’il convient de « casser » ainsi que nous y invitait le grand Charles PEGUY. La Vérité est comme un état intérieur de la Conscience achevée et réalisée. Initiation véritable.

Nul n’est initié que par lui-même ! Car l’évolution ontologique est strictement individuelle. Nul ne peut se substituer à nous-même pour évoluer ; aucune secte, aucune religion, aucune « révélation » sacrée ou pas ! Le Sacré c’est la Vie, l’Univers, les Mondes. Il est partout et nulle part.

Mais la Spiritualité ne saurait être inféodée, accaparée, récupérée par une idéologie pseudo initiatique. Pseudo initiatique quand le sectarisme se substitue à l’Universalisme de la conscience ; quand des despotes et faux « gourous » accroissent le prédateur originel qui réside en eux ; quand ils endoctrinent et évangélisent des victimes alors qu’il s’agit d’Éveil de la Conscience. Toute Vérité organisée est une incongruité la plus terrible.

La liberté s’use si on ne l’utilise point. Déjà, autrefois, on a pu entendre :

« Laissez-les, Monseigneur, dans l’ignorance car, s’ils venaient à comprendre, ils n’obéiraient plus » !

Il existe un compartimentage des connaissances, caractéristique majeure de notre civilisation occidentale. Si nous prenons l’Inde, par exemple, tout y est possible car la civilisation indienne ne repose pas encore sur le contrôle de chaque citoyen. En dehors des notions aseptisées du « bien » et du « mal », selon le concept lacanien de ces termes (le psychologue LACAN affirmait : souvent, c’est au nom du bien que l’on fait le mal), l’individu est libre du choix de ses croyances, de fréquenter n’importe quel « guru » (ce terme n’a pas la même signification qu’en occident - il signifie la victoire de la lumière sur les ténèbres), d’écrire ce qu’il veut, sans tabou, d’agir comme il lui semble, à condition de ne nuire à l’intégrité de personne. C’est le libre progrès. Ce n’est pas le paradis qui n’existe nulle part, mais c’est encore une aire d’aventure non aseptisée. Pour combien de temps ?

Certes, il ne convient pas de rêver et d’appréhender des vaches sacrées dans nos rues (Le grand GANDHIJI  affirmait : « Protéger la vache signifie défendre tous les êtres muets que Dieu a créés… L’hindouisme vivra tant qu’il y aura des Indous qui protègeront la vache »). Mais, le constat du Philosophe est d’actualité :

« Entre l’Inspiration socialisée, l’Intellectualisme financé, l’Amour légalisé, la Liberté industrialisée, la Paix armée, l’Expression canalisée à des fins de « pouvoir », la faiblesse de nos civilisations contemporaines est ainsi constituée. Nous vivons dans une atmosphère de menace permanente, asphyxiante, d’agitation ludique ou futile, de misère mentale et spirituelle. »

Considérons les lemmes suivants :

a) Il faut cesser d’exister pour être !

b) Il faut savoir mourir à l’illusion sensorielle pour consciencialiser la Vacuité.

S’il y a une cosmogenèse, contemporaine de l’état actuel de nos connaissances en astrophysique, pourquoi plusieurs métaphysiques ?

Alors qu’il pourrait y avoir, de manière essentiellement rationnelle :

a) Un macrocosme (laboratoire universel)

b) Un médium (laboratoire inorganique et organique)

c) Un microcosme (laboratoire alchimique)

L’occident connaît l’invasion culturelle de traditions étrangères, de manière diversement ressentie par l’Homme d’aujourd’hui. Innovant ainsi un bouillon de culture, les habitudes de penser sont confrontées à la nouveauté qu’exploitent quantité de marchands d’ésotérisme et d’exotisme. Aussi est-il opportun de revenir à des concepts plus salubres dans le domaine de l’Indouisme, notamment, qui est un des courants de pensée le plus percutant depuis quelques décennies.

Parmi les textes fondamentaux sur la pensée hindoue, l’un est surtout considéré de manière privilégiée, en Indes ; il s’agit de la BHAGAWAT-GEETA dont l'étude s’inscrit dans l’exigence de notre temps. Après nous être frotté aux divers ésotérismes de par le monde: soufisme, kabbale, chamanisme, franc-maçonnerie, yoga supérieur, et quantité d'autres encore, il nous est apparu un substrat commun à tous ! Comme un puzzle disjoint, une Tradition une en son essence, mais multiple en ses aspects, s'imposa comme une évidence. Aussi, nous ne pouvions pas faire l'impasse sur la plus importante composante de ce puzzle que constitue la BHAGAWAT-GEETA. Bien que ce texte ait fait l’objet d’analyses diverses, aucune ne nous a semblé correspondre aux nécessités spirituelles de notre temps qui se caractérise, surtout, comme une espèce de « Super Marché de la spiritualité », sans repères ni critères de discernement. Tous nos lecteurs n’ambitionneront pas de devenir des ARJUNA mais nous essaierons d’étancher une soif sincère d’authenticité.

La BHAGAWAT-GEETA est un poème épique, sur la Création des univers, comparable à la Genèse de la Bible hébraïque (lue dans le texte car toutes les traductions sont exécrables) à laquelle il convient d’ajouter l’Apocalypse qui en est l’accomplissement. Son sens étymologique repose sur les vocables BHAGAWAT (un des noms de KRISHNA) et GEETA (chant). Elle est le Chant de KRISHNA, symbole du SOI inhérent à l’apparition des Univers, la Ballade de l’ÉVEIL à la CONSCIENCE du SOI. Jean GIONO, à travers le titre de son ouvrage : « Le Chant du Monde », a une formulation analogue et splendide.

Les protagonistes principaux sont au nombre de deux et ils signent le dualisme, cher au ZEND AVESTA, qui préside à l’apparition du monde. Nous en trouvons l’analogie au sein de toutes les traditions : Adam et Ève, pour la Bible, Yin et Yang dans le Taoïsme, les Ténèbres et la Lumière, le Vide et le Plein, et cœtera. En la circonstance nous avons donc KRISHNA qui est considéré comme la Personne Suprême (la Cause Principe), DIEU (Allah, etc...), et son disciple ARJUNA qui symbolise l’Énergie-Matière (Kundalini - Shakti). Leur dialogue est purement symbolique et à sens multiple ; il s’agit du jeu de la vie et de la mort qui constitue la trame de l’Éveil de la Conscience en sa Réalisation, ouvrage surréel. Il évoque l’apparition des mondes, en mode duel (centrifuge et centripète), et la SCIENCE DE LA RÉALISATION SPIRITUELLE présentée sous l'aspect d'un combat qui est aussi un duo, selon la multitude des aspects de l’Unicité Principe. KRISHNA signifie le SOI et ARJUNA (le corps – le char des mondes roulant dans les Eaux primordiales) sa manifestation matérielle, énergétique. Ces clefs symboliques sont essentielles pour la compréhension de l'épopée.

Il importe, avant d’aborder l’étude approfondie d’un corpus doctrinal que nous considérons comme la Clef majeure de la Spiritualité hindoue, de retenir la définition de vocables comme symboles et symbolique :

1) La symbolique est la pratique des symboles, tandis que la sémantique qui la complète étudie le sens des mots. Le langage reste un moyen de communication et la langue est l’instrument qui sert à transmettre les idées. Le processus fondamental de la communication, par le langage parlé, consiste en une association psychique entre deux termes réunis:

- La forme signifiante

- Le concept signifié

Ensuite interviennent les deux phases de l’évocation du nom par la chose et celle de la chose par le nom.

2) La notion de symbole peut se trouver dans la sémantique comme en dehors d’elle. Selon l’étymologie grecque, le symbole est un signe de reconnaissance formé par les deux moitiés d’un objet brisé, qu’on rapproche. Plus exactement, le symbole réside dans l’une de ces moitiés car, après avoir réuni les deux parties, nous avons la réalité de l’objet ou du sujet. Par conséquent, la moitié d’un objet est l’image, le signe de son autre moitié absente, d’une part, puis le symbole de son tout, d’autre part. Ainsi le signe peut être le catalyseur d’une attitude de la pensée qui se tend vers ce qui est absent.

Le symbole est aussi défini comme « ce qui représente autre chose en vertu d’une correspondance analogique ». L’analogie est une identité du rapport qui unit, deux à deux, les termes de plusieurs couples. Cette même identité peut s’appréhender lors d’une expérience concrète ou d’une construction mentale.

Ces deux définitions complémentaires permettent de formuler qu’un symbole est un signe concret évoquant, selon un rapport naturel, un élément absent ou impossible à percevoir en un certain état actuel des choses. Par extension, c’est alors un signe autorisant le psychisme à entrer en résonance avec une réalité autre et dans le cadre d’une dimension différente.

L’accumulation des symboles, leur multiplication, aboutissent à des systèmes de pensée plus ou moins formels, selon qu’ils ont disparu devant la réalité qu’ils sous tendaient ou, au contraire, se sont substitués à celle-ci par carence intellectuelle ou pour d’autres raisons. Il en est ainsi, par exemple, pour la superstition qui revêt, souvent, un savoir disparu faute d’avoir été partagé et compris.

Aussi, peut-on constater que des symboles se confondent avec un savoir, bien que le lien avec la réalité ait été rompue avec le temps, et qu’ils définissent la symbolique spécifique d’une religion, d’un courant idéologique ou politique. La dogmatique judéo-chrétienne est un modèle flagrant de faux savoir; le grand philosophe KANT l’avait dénoncé.

En ce contexte, la présente étude retiendra comme postulat fondamental que l’épopée de KRISHNA et d’ARJUNA se déroule dans le « Champ Existentiel et Illusoire des sens – l’Ego matériel », et qu’elle évoque la Réalisation du SOI, conçu comme Dieu dans la culture judéo-chrétienne, de sa Puissance. Cette « Aventure » véhicule le Symbole d’une Réalité vers laquelle l’Être tend sans jamais l’atteindre. Si nous voulions exprimer une image, nous pourrions proposer ceci :

- De toute éternité, le SOI – la potentialité – l’Absolu, l’Océan.

- Au début (de Quoi ? De Rien ? De Tout ?) il y a le Vide (quantique par exemple), ou bien le Tao (notion chinoise, analogue) ou siègent l’Inconscience, l’Ignorance, la Nescience (peu importent les mots). L’Inconscience était au sein du Vide. Le Relatif.

- Puis, au sein de Rien, la Conscience apparaît, à travers une expansion exponentielle dans la multitude des aspects énergétiques et matériels. Il s’agit comme d’une « nécessité »ontologique.

- Symboliquement ce processus peut se gloser à travers une formule : « J’étais, comme Dieu, inconscient au sein du Vide ; puis, je Suis devenu Conscient, comme Dieu, au sein du Vide. En un perpétuel devenir ! »

- Ce serait peut-être, à cause de l’Ignorance de Dieu à l’égard de lui-même que la création, donc l’homme lui-même, apparut afin de lui renvoyer l’image de sa propre existence. Car : « D’où vient la création du monde ? Dieu le sait sans doute…, mais peut-être ne le sait-il point lui-même ? » (Les Védas).

- La projection de ce reflet, du Relatif contingent, sur l’Absolu, se traduirait à travers les concepts d’Amour Connaissance, dont l’exponentialité repousserait éternellement l’Ultime Réalité à l’infini.

- L’Homme vivrait, par conséquent, par sa propre Vérité subjective et objective, inhérente à son mode sensuel de vie, en regard d’une Réalité éternellement fuyante. Projetant sa subjectivité globale sur le Monde, sur son monde, il cheminerait de vérité en vérité vers une Réalité toujours cherchée mais jamais atteinte. A l’image d’une courbe asymptotique qui court sur l’abscisse et l’ordonnée, sans jamais les rejoindre.

Ces considérations sont inhérentes à l’état actuel d’évolution ontologique de l’humain, de son propre cerveau contemporain et susceptible de mutation dans les milliers d’années à venir. L’homme n’est que le moment historique d’un Monde en évolution éternelle et il serait aberrant de considérer ses découvertes phénoménologiques comme ressortissant d’une Vérité finie. Demain, l’être humain concevra le monde et la spiritualité avec un regard complètement différent ; aussi distinct que celui du papillon par rapport à la chenille, sur l’environnement.

Nous développerons ces données philosophiques et spirituelles tout le long du document indien ; sans nous attarder sur les aspects historiques d’une épopée dont les éléments ont pu faire l’objet d’études, valant référence, par divers commentateurs indiens et occidentaux. Quant à énoncer une appréciation sur la valeur des indices historiques, nous nous y refusons, laissant aux exégètes et archéologues le soin d’étayer les diverses théories, lors de découvertes éventuelles. Aucune spéculation, ni compilation de cet ordre ne se trouvera dans notre ouvrage.

La BHAGAWAT-GEETA fait partie du MAHABHARATA, la grande épopée de l'Inde, que compila SHREE LAVYASADEVA, avatar venu sur terre il y a 5.000 ans environ, et à qui l'on doit la rédaction des Védas. Les divers protagonistes seraient assimilés à des étapes de la création de l’univers et, selon les compilateurs de l’histoire indienne, il y eut sûrement un syncrétisme de diverses traditions relatant les annales de l’Inde elle-même. Pour les besoins de l’Histoire, on dut attribuer, symboliquement, des êtres humains ayant réellement vécu, à des moments de la Vie planétaire et cosmique. D’où la confusion entre le Réel et le Surréel. N’allons pas en déduire qu’il s’agit uniquement de fables. Ce serait une conclusion hâtive et à priori ; une insulte à l’intelligence de ne pas retenir la formulation de paraboles.

Tout l’ouvrage en son entier s’articule autour de deux volets fondamentaux et essentiels que la plupart des commentateurs ont confondus, suscitant ainsi l’apparition de sectarisme au sein duquel se sont fourvoyés quantité de gens crédules, jeunes et vieux :

1) Le couple KRISHNA, ARJUNA, relève du plan causal présidant à la création des univers.

2) Le premier (KRISHNA - le SOI) n’intervient pas « in actu » dans le monde mais « in situ ».

3) Le second (ARJUNA – la Matière – Énergie) est la manifestation spatio temporelle du SOI. Il intervient « in actu » L’existence au plan de la forme, au sein du moule procuré par la matière vivante, inorganique et organique, comporte les mêmes éléments émanés du SOI des origines (c’est une métaphore) par homologie, mais adaptés à leurs différences ontologiques.

4) Les deux appartiennent au domaine de l’ « Essence » divine, à la « soupe quantique », en deçà et au-delà, vers l’infini des formes, si nous voulions utiliser un langage scientifique, moderne ; de manière indissoluble.

5) Le monde de l’expérience est considéré comme illusoire car il n’est que relatif et contingent. A travers la multiplicité des aspects infinis se dessine l’unicité du Soi qui se renvoie à lui-même le fruit des épreuves existentielles.

6) De ce constat découle la quasi certitude que nous faisons le monde dans lequel nous vivons, qu’il n’est que la projection de notre psychisme actuel et momentané sur une Réalité autre qui est le SOI universel. Autrement dit, ce que nous concevons comme la Vérité ne serait que la conclusion temporaire du jaillissement de nos sens sur une Réalité supérieure, à jamais fuyante et infinie : le SOI qui utiliserait les matériaux antérieurs pour élaborer d’autres structures existentielles, à venir. Le SOI serait la Réalité et l’Existence l’Illusion. Nommons aussi notre existence : Ego, et nous aurons un ultime référent pour la suite de notre étude, bien qu’il faille retenir que la psychologie moderne a différentes Écoles pour définir cet Ego tant honni, voué à la disparition post mortem et muable lors des infinies réincarnations. L’Ego ne se réincarnant jamais, et pour cause, il faut envisager sous le vocable « réincarnation » le retour à la vie énergético-matérielle d’un « vecteur » du SOI et de l’indifférencié au sein du différencié, d’un flux de conscience évoluant exponentiellement et éternellement.

Ces données seront indispensables pour la compréhension de toute la Doctrine hindoue.

Au plan terrestre, l'histoire, qui sert de support symbolique à l'enseignement spirituel, se résume ainsi :

a) Un grand (Maha) roi dénommé BHARAT eut de nombreux rejetons jusqu’aux trois fils du roi VICITRAVIRYA :

b) DHRTARASTRA qui fut le père des KURUS et aurait dû hériter du trône s'il n'avait été aveugle de naissance. Il eut cent enfants dont DURYODHANA.

c) PANDU, frère cadet de DHRTARASTRA, qui fut le père des PANDUS et reçut le pouvoir en conséquence du handicap de son frère aîné. Il eut cinq fils dont l'un se nomma ARJUNA.

d) VIDURA.

Les KURUS et les PANDUS, se firent la guerre pour des raisons de prééminence ; les premiers se considérant lésés par rapport aux seconds, leur déclarèrent une guerre effroyable qui aboutit à une hécatombe humaine.

Nous allons tenter d’expliquer le symbolisme sous-jacent, tel qu’il nous apparaît. Un roi BHARAT (le « big bang » de la science moderne) eut deux filiations principales (les KURUS et les PANDUS) qui se battirent. Le principe de la « dualité » des opposés s’affirme (le positif contre le négatif, etc.)

Dans la kabbale hébraïque, ésotérisme du judéo christianisme, nous avons l’homologie des mêmes concepts, symboliques évidement :

a) - AÏN qui signifie le Rien (le roi BHARAT) ; car un roi ne possède que le pouvoir et pas la puissance que détient le peuple. Il n’agit que par délégation ; sans elle, il n’est Rien. Or, sur le plan causal, c’est le SOI qui détient la Puissance ; le Rien avec le Soi se résume dans le Tout. C’est le SOI qui « donne et reprend » ! Mais ce n’est qu’une image.
 
Peut-on voir une analogie avec le poème de la Création dans la Genèse ? Les premiers mots sont signifiants. Bereshit bara Ælohim : les exégètes juifs remarquent que le verbe « bara » est déjà inclus dans le bereshit qui signifie littéralement “en tête”. Or ce verbe, selon le très fort commentaire de Paul NOTHOMB, ne peut avoir qu’un sujet, DIEU, et qu’un complément, la LIBERTÉ. Bereshit désignerait donc le don d’une liberté première qui serait aussi une pensée.

Dieu bara, selon le premier mode d’action divine, d’après la Genèse.

b) - AÏN SOPH qui désigne les ténèbres de la matrice, du potentiel (DHRTARASTRA – KURUS – la nuit).

Dieu dit, d’après le second mode d’action selon la Genèse.

c) - AÏN SOPH AUR qui symbolise la lumière de la vie actualisée (ARJUNA – PANDUS – le jour).

Dieu sépare, dernier mode d’action divine, selon la Genèse.

Lorsque la sémiologie traduit le concept de combat des ténèbres contre la lumière, il s’agit évidemment de symbolisme. La trilogie indienne ou hébraïque a la même connotation de complémentarité ressentie, au plan illusoire de la MAYA de la vie terrestre ; faussement comme une guerre.

Avant la Lumière incarnée dans le moule de la forme matérielle, et symbolisée par PANDU, il existe une donnée essentielle derrière l’image de DHRTARASTRA qui est aveugle car il ne dispose pas encore des sens perceptifs ; il est dans la « nuit ». Sa cécité personnifie la "matière énergie" brute, antérieurement à l’apparition du premier jour ! Cette matière ténébreuse – nous l’avons abordée plus haut – n’a pas encore acquis un système sensoriel qui lui permette l’Existence par l’Épreuve.

Le jour premier représente l’avènement des cinq sens qui instaure le Champ existentiel : le DHARMA. Ce même jour est attribué à la Lumière dharmique, aux PANDUS et à ARJUNA, sur le plan symbolique.

Dans la vie sociale, DHRTARASTRA représente une catégorie d’êtres humains qui s'opposent à la réalisation du DHARMA (le dessein universel et infini tel que nous le présente le théâtre qu’anime le SOI au travers des formes qu’il revêt et revêtira – nous étudierons cela en détail, plus loin) par l’identification à leurs simples agrégats en oubliant le SOI qui les anime. Cette opposition va plus loin qu’une simple donne philosophique ! Elle a ses prolongements en tous les domaines de la Vie en sa globalité. Nous l’étudierons de manière très spécifique lorsque nous aborderons l’Écologie Universelle !

Par eux-mêmes, les organes sensoriels ne fonctionnent point. Les UPANISHADS enseignent que la vue, l'ouïe, l’odorat, le goût et le toucher découlent des organes intérieurs de l'âme, et qu'ils se servent de la matière comme d'un moyen pour expérimenter les phénomènes de la vie. Sans l'existence de ce pouvoir, ou être (le SOI), qui réside en nous et nous informe, l'assemblage des particules, ou agrégats, que constitue le corps physique est mort et "aveugle". Par analogie, un écran cathodique ne sert à rien s’il n’y a pas d’électricité pour le faire fonctionner ni d’opérateur pour en exploiter les données. Le « DHARMA » de cet outil est donc la synthèse de tout les éléments fonctionnels ; son contraire l’ « ADHARMA » aboutit au retour à l’état de potentialité (ce concept est indispensable à comprendre pour la suite). Relevons, déjà, l’idée du système des « poupées russes » dans le concept des Univers. Tout a une correspondance analogique et homologique, même au niveau des antagonismes. La leçon à retenir est que la Matière existe en se Réalisant à travers ses processus sensoriels et cognitifs : c’est le DHARMA.

Le SOI crée les organes des sens, essentiels à l’existence matérielle. La matière symbolise donc l’Ignorance et l’Illusion quand le SOI (l’Absolu) ne s’y Réalise point en ne se renvoyant pas à lui-même la notion de Relatif, du contingent. Par analogie la matière désigne les ténèbres, la matrice potentielle. Ceci est très important car la Mère-Matrice est, à la fois, nourrie, fermentée et animée par le SOI qui gouverne et détermine le passage de l’inorganique à l’organique. Aussi lorsque les anciens Maîtres de Sagesse énonçaient, comme principe fondamental à l’Eveil intérieur, la disparition de l’Ego, ils entendaient simplement la non identification au moment historique d’une personnalité créée et limitée par son système sensoriel.

PANDU, qui est de la même source que son frère, eut cinq fils (les cinq sens) ; par conséquent, il correspond au DHARMA ! C’est, là, une donnée essentielle et fondamentale dans l’édifice cosmique tel que le conçoit l’hindouisme. L’un d’entre eux se nomma ARJUNA (qui pourrait être le symbole de la Réalisation du sens – cakra – le plus élevé dans l’échelle ontologique : AJNA CHAKRA – l’équivalent du 3° œil qui est la porte neurologique d’accès à la Réalisation du SOI). Les cent fils de DHRTARASTRA peuvent traduire la multitude infinie de formes matricielles qui s’accouchent et accouchent le mode sensoriel de la vie afin de répondre aux nécessités du DHARMA.

PANDU eut un fils qui se distingue des quatre autres : ARJUNA. Par transposition, il s’agit de l’ajustement du 5° cakra – AJNA – charnière entre la matière ouvrée par les sens et le monde des causes (le Royaume - la cathédrale de l’âme – le cerveau). L’image est claire : PANDU (la matière éclairée par les sens) s’élève sur le plan ontologique au plan signifié par AJNA et devient ARJUNA (AJNA auquel est ajouté RU – la lumière consciente). Ce n’est qu’à ce moment historique de la matière que la Conscience se renvoie à elle-même la certitude de son SOI, concept qui se réalise pleinement avec l’accès au BRAHMARANDRA, ultime cakra coronal ouvrant définitivement la Porte sur l’Ailleurs.

Que dit l’Apocalypse de JEAN ?

jeudi 5 janvier 2012

Les vrais mystères de la pensée indoue à la lumière d'Occident (Introduction - 2° partie)

La science spirituelle, indienne, du Soi s’inscrit dans la contemporanéité d’un contexte de questionnements :

1) Le domaine scientifique ne suffit pas à donner un sens à la vie ; les philosophies non plus, pas plus que les religions, idéologies, politiques, et cœtera, ne peuvent satisfaire cette nécessité.

2) Comment l’homme peut-il être moral, sans désespoir, dans cette vie finie et dépendante, où sévissent les guerres, tortures et génocides ?

3) Pourquoi l’existence si la Science ne peut pas faire accéder à une notion de Responsabilité ontologique ?

Autrement dit, si aucune découverte scientifique explique la souffrance, ses raisons, son dessein ; si l’ignorance reste le fondement de toutes les épreuves existentielles, comment peut-on imputer une responsabilité au Vivant ? Y a-t-il une âme des choses ?

La Science spirituelle, indienne, n’aboutit pas à une religion ; elle initie une interrogation devant l’athanor de la vie. Elle pose le problème : le Vivant, pourquoi ?

Le grand poète indien, RabindranathTAGORE, écrivait :

« Lorsqu’une religion a la prétention d’imposer sa doctrine à l’humanité entière, elle se dégrade en une tyrannie et devient une forme d’impérialisme ».

Dès lors, nous avons l’explication de l’hérésie spirituelle que constituent les religions dites révélées, lorsque l’on constate leur prosélytisme meurtrier du passé et le dynamisme de l’évangélisation tyrannique. Tant que l’Homme n’aura aucune justification ontologique à être moral, sinon à travers des vertus négatives qu’exploitèrent les diverses croyances par le monde, il se contentera de rester le plus parfait animal prédateur, le plus terrible. Plus odieux que le tyrannosaure puisqu’il est le seul à pratiquer l’agression intra spécifique à l’intérieur de sa propre espèce. Il faut une proposition, nouvelle, pour une Humanisation de l’Humain, que délivrerait la Science spirituelle de l’Inde. Or, dans l’état actuel des choses, seul l’Indouisme pourrait répondre à cette exigence.

La condensation d’énergie au sein de la matière est, en regard de la Genèse de l’univers, similaire à l’acte divin. Il s’agit d’une création. Mais le dilemme venant aussitôt à l’esprit est :

« Est-ce que la matière génère le Moi, la personnalité à l’instar de l’image d’un fantôme dans une boite noire ? Est-elle pensante, comme un ordinateur ? Ou bien, existe-t-il une entité, un flux de conscience ininterrompu, qui revêtirait tous les aspects de la forme – énergie matière – à l’infini et dans l’éternité ? En clair, est-ce que la matière devient pensante, par sa composition d’éléments très spécifiques, ou bien est-elle pensante par l’incorporation, la matérialisation d’une « âme » ? Comment l’existence a pu se manifester sur l’écran du rêve ?"

Après la mort, les univers, le cosmos, notre système solaire et la terre avec ses habitants, ne périssent pas avec nous. Ils continueront d’exister, malgré notre départ, et seront perçus différemment selon le degré d’évolution des espèces vivantes. Seul notre appareil sensoriel aura disparu et, avec lui, notre perception illusoire du monde. Pourquoi tout cela ?

Aucune religion n’a pu répondre à ce questionnement ; la Science non plus. Il restait la spiritualité indienne !

SOCRATE affirmait que la Sagesse était la conséquence de la Science. Il n’y aurait pas de sagesse ni de morale, instinctives. Tout viendrait de la « Connaissance ». Ce dernier vocable est lourd de sens car il diffère du mot « savoir ». Le savoir ne serait qu’un acquis mémoriel, issu du mental sensoriel. La connaissance découlerait d’un processus subtil de distanciation avec l’existentiel, à la manière d’un spectateur qui serait aussi acteur ; il se renverrait, à lui-même, le résultat de l’expérience sensorielle et obtiendrait un accroissement de sa Conscience par le sens virulent d’une responsabilisation en croissance quasi exponentielle.

Qu’est-ce que l’Ignorance ? La Réalisation spirituelle ? La Perfection ? Quelle est la nature du monde phénoménal, du mental ? Sont-ce des questions qui reflètent, uniquement, les limites et limitations de notre cerveau ? Et la notion du Vide d’où proviendrait une « certaine » énergie ? Au-delà du Vide, ultime concept, y a-t- il l’Ignorance inhérente à l’Être qui, par contradiction ontologique, initierait l’Existence pour la Connaissance ? Entre l’Être et l’Existentiel, y aurait-il un médium que l’hindouisme nommerait « atman », le christianisme, âme, etc. ?

La manipulation du mental collectif commence par le conditionnement individuel. Uniformiser, standardiser la pensée et le sentiment, satisfaire l’estomac en endormant la pensée, tous ces éléments furent exploités, autrefois, et le sont aujourd’hui, afin de gouverner et contrôler le psychisme des Humains. Les Hommes sont comme des bovidés qui sont hypnotisés par la propagande politique, véritable viol psychique. La Science spirituelle du Soi, en sa vocation d’éveil à une conscience supérieure, peut déshypnotiser le cherchant qui souffre et persévère. Pourquoi ? Comment ?

Imaginons que l’on soit seul, dans le désert du Sahara et que, loin devant nous, une image de couleur verte se présente à la vue. Si l’on n’a jamais vu de végétaux, on ne se réfèrera pas à ceux ci pour expliquer la nature de votre vision ; en avions nous vus, alors il viendra à notre esprit qu’il s’agit, sûrement, d’un arbre. Puis, nous avançons vers l’objet visuel, jusqu’au moment il s’évanouit et nous réalisons qu’il s’agissait de mirage. Que s’est-il passé ?

Une sorte d’hypnose s’était produite et qui s’articulait autour de quelques objets :

a) L’œil nous avait trompés et nous avons confondu une image virtuelle avec une réelle.

b) Le conditionnement de notre mémoire nous avait obligé à penser qu’il s’agissait, sûrement, d’un végétal.

c) L’illusion sensorielle provoqua la perception fausse d’un phénomène. Nous ne pensions pas qu’il pouvait s’agir d’une apparence. Nous avions fait acte de foi !

La Réalisation spirituelle a une vocation thérapeutique, de libération intérieure. Elle est une Science de l’Âme ? Quand s’inaugurera-t-elle ?

Les religions ont, toutes, drapé les rideaux de leurs sanctuaires du sang des Hérétiques qu’elles combattirent. Les sectes, dites initiatiques, ont manifesté de l’intolérance, voire du fanatisme exclusif, et les projecteurs de l’actualité se sont focalisés, actuellement, contre ce fléau. Au nom de la Raison, nous ne pouvons que combattre les dogmatismes qui ont pu, par le passé, aboutir à faire rôtir un Giordano BRUNO sur le bûcher de l’Inquisition vaticane et à faire renier le grand GALILÉE ; sous le prétexte que, tous les deux, affirmaient la rotondité de la terre.

Il n’existe pas une vérité mais plusieurs. Beaucoup de gens exigent la vérité qu’ils veulent croire. La quête de la vérité scientifique s’inscrit dans l’objectivité et aboutit à la notion de « connaissance ». Dans d’autres domaines du monde sensoriel, mental, la subjectivité sévit plus ou moins. Nous savons qu’un mirage saharien reflète un événement ; il ne le constitue point, sinon subjectivement. Ce que nous appelons et concevons comme « vérité » n’est que le fruit de la projection de notre subjectivité sur l’environnement qui se réfracte à travers nos structures neurologiques ; nous pensons : c’est la réalité ! Alors qu’il ne s’agit que d’un morceau de vérité. L’ultime Réalité est reculée à l’infini, de manière exponentielle ; elle ne saurait être atteinte car elle échappe au plan sensoriel ; le serait-elle que la vie serait finie et, de ce fait, n’ « existerait » pas ! L’idée de Réalité est liée à l’Être ; l’idée de Vérité à l’Existentiel. A ce propos, le grand penseur TEILHARD DE CHARDIN confiait :

« Parvenu à l’extrême de ses analyses, le savant ne sait plus trop si la structure qu’il atteint est l’essence de la matière qu’il étudie ou bien le reflet de sa propre pensée ».

Constat interrogatif qui conditionne toute considération scientifique. Car la question fondamentale qui se pose avec acuité, en corollaire de la pensée de ce Philosophe, est :

« Est-ce qu’il existe une Réalité que la Conscience n’atteindra jamais, sauf à la reculer infiniment, par des outils mentaux se spécifiant, sans cesse, de manière exponentielle ? »

Le Philosophe KANT concevait le monde existentiel s’articulant autour de deux volets :

- L’immanence.

- La transcendance.

L’immanence est comme l’état actuel d’une vérité, moment historique de la quête vers la connaissance.

La transcendance est comme la remise en cause d’une vérité, vers une autre, plus haute.

Ainsi, autrefois, l’atome fut considéré insécable ! Puis, Nicolas FERMI, le couple CURIE, découvrirent la fission de l’atome ! Vérité aujourd’hui ; erreur demain ! Nous cheminons, non pas d’erreurs en vérités, mais de vérités en vérités.

Extrait du Chapitre : « De la Sagesse de la Transcendance (al-hikmat as-subûhiyah) dans le verbe de Noé » - par MUHYI – D – DIN IBN ‘ARABI – La Sagesse des Prophètes (Fuçuç Al-Hikam) – Editions Albin MICHEL.

« Pour les connaissants des Vérités divines (ahl al-haqâlq), affirmer [unilatéralement] que Dieu est incomparable aux choses, c’est précisément limiter et rendre conditionnelle la conception de la Réalité divine [car on exclut ainsi les qualités des choses] ; celui qui nie toute similitude à l’égard de Dieu, sans se départir de ce point de vue exclusif, manifeste soit une ignorance, soit un manque de « tact » (adab). L’exotériste qui insiste uniquement sur la transcendance divine (al-tanzih) à l’exclusion de l’immanence (al-tashbîh)] calomnie Dieu et Ses envoyés – sur Eux la bénédiction divine ! – sans s’en apercevoir ; s’imaginant qu’il atteint la cible, il frappe tout à côté ; car il est de ceux qui n’acceptent qu’une partie de la révélation divine et en rejettent l’autre. »

Fin de citation

Les vrais mystères de la pensée indoue à la lumière d'Occident (Introduction - 1° partie)

Krishna et Radha


RÉVÉLATIONS À TRAVERS LA BHAGAWAT-GEETA

PROLÉGOMÈNES

"Ni dans les airs, ni au milieu des océans, ni dans les profondeurs des montagnes, nulle part, il n'existe d'endroit où l'on soit à l'abri des conséquences de ses actes."

DHAMMAPADAH

"Père, je ne te demande pas de les retirer du monde, mais qu’ils soient dans le monde sans être du monde."

Évangile selon JEAN (XVII – 14 à 16.)

Habituellement, ce sont les Maîtres hindous qui dissertent sur la BHAGAWAT-GEETA car ils sont présumés les seuls habilités à ce propos. A telle enseigne que l’Occidental qui oserait étudier celle-ci, es qualité et sans l’aide de Maîtres en la matière, pourrait être qualifié d’orgueilleux et de prétentieux. Toutefois, une telle dichotomie est pharisaïque.

Le pharisaïsme, en ce domaine, est colossal. Alors qu’il est admis, dans la culture occidentale et en vertu de la démocratisation de l’Enseignement scolaire, universitaire, qu’un apprenti puisse devenir Maître à son tour, il n’en est pas de même dans le domaine spirituel. Pour des raisons de domination commerciale, beaucoup de Maîtres indiens et tibétains réservent leurs ultimes « enseignements secrets » à ceux de leur ethnie ou bien à une pseudo élite. En Indes, au Népal, au Tibet, il était habituel de différencier les « étrangers » des « autochtones ». Les Occidentaux étaient qualifiés de " diables rouges " ; argentés certes, mais à " utiliser ", voire à exploiter sans vergogne aucune en exigeant, d’eux, le versement de sommes d’argent sans tenir compte du fait que tous n’étaient pas riches ! Certains, même, étaient pauvres mais animés par une quête, farouche, d’un sens à donner à l’existence. A ceux qui étaient incapables de payer leurs " initiations ", les Maîtres objectaient :  « Si vous ne pouvez pas payer c’est que vous avez un mauvais karma ».

Une telle sentence tombait comme un couperet. Le système des castes sociales se prolongeait sur le plan social et culturel ; jusqu’en occident. Le pire fut que certains Occidentaux reprirent, à leur compte, une telle dialectique comportementale par des exigences pécuniaires, dissuasives, pour les plus démunis. La maladie s’attrape plus vite que la santé.


La prolifération des sectes, ashrams, groupuscules dits de méditation, à vocation de spiritualité vénale, nuit à la crédibilité d’une Science spirituelle qui s’est pervertie quelque peu, par la faute grave des Hommes qui l’ont trahie. Si la Tradition spirituelle, indoue, est liée à l’argent, actuellement, cela est dû à l’inadéquation de ses pseudo Maîtres face à l’Idée de Réalisation intérieure du SOI. Autrefois, Jésus CHRIST avait jeté les Pharisiens dehors du Temple à Jérusalem. Il serait opportun d’agir de même, de nos jours, à l’égard des pseudo Yogis qui exploitent de pauvres disciples en déshérence spirituelle. Car la véritable Initiation n’est pas un acquis technique mais le dépouillement de l’Ego ; sentence rédhibitoire pour les Yogis orgueilleux car l’orgueil est l’inflammation de l’Ego hypertrophié.

Il y a une contradiction flagrante entre l’idée de réalisation intérieure et la faculté d’y parvenir, pour la plupart des prétendants qui n’ont pu éradiquer le prédateur qui est en eux. Ce sont ces « gourous » qui occupent l’espace médiatique de certains yogas exposés et exploités comme pour un Las Vegas de la spiritualité. Ce sont ces « marchands du temple » que la scène théâtrale du monde affiche, provoquant des réactions de rejet de la part des observateurs. Quant aux véritables Réalisés intérieurs, ils ne font pas de bruit ; en général ce sont des gens comme tout le monde, qui travaillent dans tous les secteurs de l’économie et sans aucune protection spirituelle, particulière. Ce sont de véritables héros, au quotidien, d’une démarche d’Éveil qui doit concilier les redoutables nécessités de :

a) Gagner son pain par un travail honnête et sans dépendance ni mendicité.

b) Éduquer ses enfants.

c) Satisfaire à toutes les exigences domestiques, familiales, sociales et politiques qui sont attribuées à la vie de toute personne responsable.

Notre propre initiatrice était brahmane, mère de famille, polyglotte et son époux, ingénieur de son état, était aussi un Yogi accompli et réalisé. Ils n’étaient pas les seuls à honorer, ainsi, la tradition qu’ils servaient. Ils accomplissaient un Service secret et silencieux ; aucun argent n’était exigé ! Ils étaient des héros véritables car l’héroïsme est quotidien ou bien il n’est point ! Le message de KRISHNA et ARJUNA ne leur fut, jamais, étranger.

Le texte de la BHAGAWAT-GEETA appartient à l’humanité entière, sans différenciation ethnique, ni culturelle ; son étude ne dépend aucunement d’un parrainage quelconque ni d’une fallacieuse prétention à la Vérité révélée.

Des textes, comme le Coran, le Talmud, la Bible et tant d’autres encore sont étudiés dans les Universités. En Indes, la BHAGAWAT-GEETA n’est pas comprise par tous les Indous ; pas plus que les Croyants ne comprennent, tous, leur religion. Par conséquent, et l’Esprit soufflant où il veut, ce serait faire insulte à l’intelligence de ne pas étudier tout ce qui existe sur la terre puisque que l’homme doit vivre son expérience sensorielle, ainsi que le dessein cosmique l’y incite.

En ma qualité d’Occidental, j’ai abordé avec d’infinies précautions l’analyse de ce texte majeur de la culture indienne. Après avoir reçu des Transmissions énergétiques, de type kundalinien, de la part d’authentiques Maîtres indous, j’ai pu expérimenter divers phénomènes qui n’avaient jamais été répertoriés dans les divers traités en la matière, dans notre région du monde. D’abord étonné et surpris, puis dubitatif à l’égard de moi-même, j’avais nourri la plus grande méfiance à l’égard de « réalisations » intérieures de la « shakti » ; d’autant plus que, parfois, elles entraient en contradiction avec les affirmations de certains condisciples suivant d’autres courants de yoga et qui entraient en conflit de rivalité avec ma personne, en concurrence donc, alors que je m’enfermais dans le silence pour l’essentiel ! Puis, il s’avéra que d’autres émules, Intellectuels de haut niveau, avaient vécu similairement certaines de mes expériences et les validaient à la lumière d’Enseignements, secrets, tibétains et mongols. Je compris, alors, que mes Initiateurs en Kundalini Yoga – Shivaïsme du Cachemire – dont certains relevant de l’Ordre de Nath, ne m’avaient pas menti en m’affirmant que, à mon heure et à mon jour, je découvrirai tout ce qui était en latence à l’intérieur de moi-même. Ce genre d’événement eut l’avantage de m’éviter de parler de choses que je n’avais point vécues. L’important est de ne jamais parler de ce que l’on ne connaît point !

La présentation de ce travail sur la BHAGAWAT-GEETA n’est donc pas le fruit d’une prétention hasardeuse. Elle repose sur un vécu : le mien. L’expérience personnelle m’aura beaucoup aidé à cet effet ; d’aucuns pourraient employer d’autres termes pour définir ce qui, en réalité, ne ressort que d’un certain « accouchement de la Conscience » ! Maïeutique universelle.

Aucun témoignage, aucun récit, ne peuvent inspirer autant de crédit que l’intelligence personnelle d’un fait ou l’entendement intime d’une vérité, l’approche de la Réalité.

La plupart des gens, dans le monde, sont des « dictionnaires » ambulants, des hommes de citations et de foi. Faute de comprendre l’essentiel de la vie, ils se cristallisent autour de pseudo réalités, de certitudes et convictions dont ils deviennent, avec le temps, de farouches gardiens. Les dérives sectaires, religieuses, politiques et idéologiques aboutissent à des fanatismes criminels, dès lors qu’elles deviennent meurtrières. Les idéologues contemporains qualifient, souvent, d’engagement ce genre de comportement ; l’épithète « engagé » est mis à toutes les sauces socio-politiques en une revendication sauvage à la légitimité concurrentielle. Il est de bon ton de dire de quelqu’un : « C’est un engagé » ! A croire qu’il s’agit d’enrégimentement dans une Armée quelconque. Or, la Conscience « est » si elle reste libre, non engagée et donc non enchaînée car :

« Toute position est instable et toute condition limitée ; sans jamais en aucune d’elles la Conscience ne peut demeurer heureuse ; quelles qu’elles soient ».

Quantité de « dictateurs » de la pensée et du sentiment se donnent pour tâche de penser à la place des autres et définir le bien et le mal. « Faites ce que je dis et, surtout, ne dites pas ce que je fais", est l’axiome de ceux qui se prennent pour les possesseurs, les seuls détenteurs, de la "vérité sociale" et politique, religieuse et initiatique, s'autoproclamant juges tout en étant parties. Surtout, ils ne veulent pas qu'on les déboulonne ! Ils se prennent pour des "gardiens" platoniciens. Gardiens, chiens de troupeau (et les autres moutons bêlants ? Bêê..., dit PANURGE) ou gardes-chiourme ? L'intervalle est tellement mince et se franchit si vite, avec la meilleure volonté du monde. « Qui custodiet custodies ? Qui gardera les gardiens ? »

Si tant est que l’on puisse tirer les leçons de l’histoire, des découvertes archéologiques, relativement anciennes, tentent à accréditer la thèse qu’il exista, autrefois, des civilisations très évoluées autour de Sumer et Babylone. Des connaissances sur la science de l’esprit permettaient, à l’Homme, de mieux maîtriser son environnement. Ainsi, les mathématiques permettaient d’élaborer des lois physiques dont les vestiges ont, entres autres, pu se perpétuer jusqu’à nos jours, au Groenland, en Égypte, en Indes et en Asie. Par de savantes manipulations des nombres, il était possible de mouvoir des énergies, de manière inconnue aujourd’hui. L’histoire relate que des anciens Magiciens, après avoir transformé des suites chiffrées en voyelles, firent tomber toutes les feuilles d’un arbre vert en les vocalisant. A l’aide de formules sonores, basées sur le même principe, il était possible d’allumer un feu à distance. L’hypnose immédiate était pratiquée ainsi et à l’infini des possibilités psychiques.

L’idée des Anciens était que la colonne vertébrale de l’homme, en sa verticalité, résumait et incarnait tout le cosmos et les univers. Dans son corps se trouveraient donc toutes les lois universelles, résumées dans l’Inconscient. Si l’on découvrait leur symbolisme architectural, à l’intérieur de la corde spinale, en lui appliquant certaines lois, il serait alors possible d’agir de manière démiurgique sur la matière. Ce fut, pour cette raison, que les traditions relatives à un « Yoga Cosmique » comportent des schémas géométriques, affectés aux célèbres cakras, accompagnés de mantras spécifiques à chacun d’eux.

Le moule physique de l’âme humain est vertical, physiquement, mais sphérique énergétiquement. La sphère corporelle fonctionne par osmose avec l’Univers. L’âme se construit consciemment ; autrement, après la mort, elle sera « fondue » avant de renaître. Y a t-il des règles à cet effet ?

Sans tomber dans le piège d’un déterminisme abscons, il est constatable que les liens de cause à effet existent ; ils animent toute forme de vie. L’âme humaine fait l’objet d’études approfondies en psychologie et psychiatrie. Les religions s’y étaient essayées, autrefois ; avec le succès lamentable que l’on connaît. L’idée majeure, sous jacente des thèses et théories sur la nature et l’existence d’une âme, est liée au concept de la Conscience. Or, la bataille fait rage autour de cette idée.

Autrefois, d’immenses civilisations disparurent pour des motifs qui se renouvellent sous tous les cieux, à tous les âges de la planète :

- Tous les détenteurs de connaissances dangereuses pratiquaient essentiellement des « tours de cirque » ; comme nous le faisons, de nos jours, avec la science contemporaine, dès lors qu’elle n’est toujours pas synonyme de Connaissance, mais de savoir. Ils aimaient se battre entre eux et s’excommuniaient facilement.

- Aucune Sagesse, vraie, ne découlait de l’application de ces lois mathématiques.

- Les notions d’Amour et de Connaissance n’étaient point liées à l’acquisition de cette Science.

- De nos jours, l’argent est roi bien que les « Maîtres » se gargarisent d’amour ; à leur unique profit puisque aucune « Initiation » n’est possible sans monnaie sonnante et trébuchante.

En ce contexte donc, il s’avère que le divorce entre un Savoir scientifique et l’évolution de la Conscience entraîne la ruine personnelle et collective de toute une civilisation. Comme il en fut pour l’ancienne Égypte, tout le savoir disparut et nous n’en avons que quelques bribes en Occident.

Par découlement logique, le dépôt antique de la Science des nombres appliquée à l’Esprit humain, fut remplacé par la Philosophie qui privilégia la recherche ontologique. Cependant, cette même Philosophie était coupée de son substrat matério-scientifique. Elle favorisa, dès lors, l’apparition des Religions dites monothéistes, basées sur la foi puisqu’elles étaient tronquées à la base. L’opposition de la Philosophie à la Science fut un avatar de l’Ignorance.

Par réaction les anciennes traditions, dormantes en Indes et au Tibet notamment, émergèrent mais après plus de 2.000 ans, en Occident ; après les sanglants agissements de la part des Religieux, dans le monde. De nos jours, petit à petit et par un mécanisme spontané, la Science de l’esprit tend à fusionner avec la Philosophie pour une résurgence non pathologique. En clair, il s’agit d’unir la Science à la Conscience ; éternel dilemme. Cette tentative a un nom : la quête du Soi.

vendredi 30 décembre 2011

Théorie et pratique de la méditation (2° partie)

"C'est dans la négligence des petits détails que l'on apprend à faire de grandes fautes".

Madame de STAËL

III - DISPOSITION INTÉRIEURE

C'est un lieu commun de constater que toutes les personnes attirées par les divers yogas sont animées par le désir d'un mieux-être. Croyant en la facilité, piège de la mentalité occidentale, les émules des Maîtres de Sagesse, indiens, s'empressent de mettre en pratique diverses techniques yoguiques en espérant des résultats rapides, voire miraculeux. L'ego peut tout croire, n'est-ce pas?... D'autres encore n'en appréhendent qu'un aspect exotique, ou bien gymnique, voire ludique. Toujours l'ego...!

En réalité, le yoga est étranger à la culture occidentale comme la Pentecôte l'est de Marseille. Définir cette voie d'origine orientale et asiatique, avec nos yeux carrés comme la télévision, ou bien notre mental programmé comme un ordinateur, reviendrait à reproduire la fable des aveugles tâtant un pachyderme. Pour savoir en quoi consiste le yoga il faut redevenir le tout petit enfant qui s'ouvre à la vie et regarde..., avec des yeux neufs, bien ronds.

Autrefois, les vieux Maîtres de Sagesse recevaient la visite de candidats disciples qu'ils rejetaient sauf si l'un d'entre eux leur apparaissait prêt. Parfois, le prétendant portait sur la tête un boisseau de sarments de vigne, signifiant ainsi qu'il avait rejeté toutes les illusions de l'ego et son monde passionnel, qu'il était prêt à prendre "feu". Ce n'était pas du jeu...!

Une étincelle, sur une bûche mouillée, s'éteint. Il n'y a rien à faire. De même il est impossible de conférer Shaktipata aux animaux... Tout le monde ne peut pas recevoir Shaktipata puisque le sort de chacun est différent. Mais, aussi, il est possible que chaque individu se prépare, sèche sa propre bûche, par un travail intérieur de purification (kryia).

La clef de la disposition intérieure est dans l'observation de ce que les bouddhistes nomment le dharma, qui est la somme de règles de conduite dans la vie et s'avère propice à l'épanouissement des facultés endormies. Dans les grandes lignes, et de façon non exhaustive, il convient d'appliquer:

a) L'absence de mensonge (véracité dans les paroles et les actes).
b) Le travail (gagner sa vie honnêtement et fuir l'oisiveté).
c) La compassion (l'amour pour tous les êtres).
d) La justice (pensée juste, sentiment juste, action juste, etc...).

A ces conditions il faut ajouter l'élémentaire catharsis sans laquelle aucune disposition intérieure n'est suffisante pour entrer dans le brasier de Shaktipata. Mais l'enjeu vaut la chandelle.


"Moins on a de pouvoir, plus on aime à en user".

PETIT-SENN

CONCLUSION

La réalisation intérieure par le yoga est assimilable à la combustion du bois qui devient charbon. Elle est le dialogue rendu impossible entre le charbon devenu et le bois disparu.

Celui qui sait, se tait et seuls ses actes parlent.

Le yoga est moins à comprendre qu'à vivre. Il n'est pas accessible au mental ordinaire car seul celui qui, universel devenu, pourrait parler mais n'est jamais revenu.

La voix du silence enseigne la voie.


"Initiations à la lumière d'Orient" par Edmond FIESCHI, publié aux Editions A.C.V. à Lyon (Rhône) - France.

"Gnose et Gnosticisme" (Etude sur la Gnose interdite) par Edmond FIESCHI publié aux Editions A.C.V. à Lyon (Rhône) - France. (Toute autre publication émanant d'un autre éditeur serait une escroquerie et un vol, justiciables d'une plainte en Justice correctionnelle ; nous remercions, par anticipation, toute personne témoin d'un tel méfait et qui nous le rapporterait).

Théorie et pratique de la méditation (1° partie)



THÉORIE ET PRATIQUE DE LA MÉDITATION
 
"Il y en a, parmi vous, qui prétendent mieux aimer servir que penser à la vérité. Mais qu'entendent-ils par servir? Ils parlent toujours d'aider le monde, surtout ceux qui appartiennent à des sectes.

Le soldat, tout prêt à mutiler et à massacrer son prochain, dit qu'il sert son pays. Le boucher qui tue, le financier qui accumule des stocks de vivres tandis que des hommes ont faim, le prêtre qui exploite des croyances, tous disent qu'ils servent la communauté. Qui peut en décider? Une fleur, parce qu'elle est belle, suprêmement belle, inconsciente de sa propre splendeur, aide véritablement, mais l'homme qui va crier à tous les échos qu'il sert le monde n'aide en rien du tout".

KRISHNAMURTI

Conférence en Nouvelle Zélande
Cité dans le Vishva-Bharati Quaterly
(août octobre 1937, page 134)

Tout jeu a ses règles et la triche est réprouvée. Certes, chacun est libre d'accepter ou non le jeu mais, une fois le choix effectué, il est difficile de déroger. Il n'est pas admissible d'acheter du beurre et d'en réclamer ensuite l'argent.

Dans le cadre de la méditation il existe aussi des règles qu'il convient d'observer sous peine d'échec en la matière. De même que dans une compétition de rugby, l'équipe perdante ne peut accuser les spectateurs de sa défaite, un praticien du yoga n'est habilité à l'imputation de ses difficultés sur son Maître, si celui-ci lui a préalablement révélé l'existence d'épreuves découlant de l'ascèse. Se remettre en cause soi-même est une des règles fondamentales du jeu...

S'agit-il d'un jeu ?


Le suffrage universel, qui considère les hommes comme autant d'unités égales et qui les compte au lieu de les peser, assure la majorité de l'ignorance".

SISMONDI

I - THÉORIE MÉDITATIVE

Il existe des lois naturelles qui étayent toute sadhana et n'ont rien de dogmatique, c'est à dire de gratuit, ni de moral ou pédant. Il s'agit de conditions favorables à remplir afin que la nature puisse librement réaliser ce qui lui est possible, après éradication des obstacles intérieurs.

De manière non exhaustive ni limitative, les obstacles à la libre réalisation d'une sadhana peuvent s'énumérer de la manière suivante:

a) Blocages intellectuels.

Conditionnements d'origine culturelle, éducative (religion, opinion, etc...).

b) Blocages psychologiques.

Problèmes affectifs, relationnels, sexuels, etc...

c) Blocages physiques.

Incapacité corporelle et somatique.

En règle générale, les anciens Rishis de l'Inde refusaient shaktipata aux personnes dont les caractéristiques étaient les suivantes:

Ceux qui ont déjà reçu shaktipata.
Les imbéciles et les curieux.
Les impotents.
Ceux qui souffrent d'une inflammation de l'ego, d'une surestimation de leur valeur personnelle et de l'hypertrophie du moi.
Les menteurs, paresseux, coléreux, intrigants, voleurs, fous.
Les petits esprits.
Les traîtres, affabulateurs et pornographes.
Les gens qui aiment monopoliser l'attention sur eux par des discours et attitudes mégalomaniaques, et donnent leur avis sans qu'ils en soient invités.
Les velléitaires.
Les candidats disciples commettant de mauvaises actions.
Les ambitieux, prédateurs.
Les provocateurs.
Les sensuels attachés au sexe et à la fortune.
Ceux qui ne savent pas taire les secrets et qui nuisent à autrui.
Les ingrats.
Les tricheurs, révoltés.
Les cruels.
Les indécents sur le plan verbal.
Les bavards.
Les gens qui portent systématiquement de mauvais jugements sur autrui.
Les personnes qui se complaisent dans l'ignorance et les certitudes.
Les gens qui salissent, médisent par derrière tout en tenant de bons propos par devant, flattent pour exploiter.
Ceux qui prétendent connaître l'absolu.
Les vantards, envieux et nuisants.

Il nous est impossible de porter des commentaires sur ces règles anciennes. Cependant nous avons pu constater, à plusieurs reprises, que la compassion pouvait devenir faiblesse si elle était mal placée. Souvent, il y a perte de temps et des désagréments provoqués par l'ingratitude, l'irrespect et la méchanceté.

Gageons que si toutes ces restrictions étaient appliquées, il n'y aurait pas beaucoup de monde sur la ligne de départ, de nos jours. Il est vrai, aussi, que Shaktipata n'est plus transmis par le toucher, en occident, mis à part quelques exceptions qui confirment la règle. Shaktipata n'est plus guère conféré que par les mantras, ce qui limite les dégâts.

Tout blocage intérieur peut être franchi par l'autocritique et l'introspection analytique. La descente aux enfers intimes est toujours possible et la libération du captif (le SOI) est permise, sinon espérée. Les pseudo convictions sont comme des virus pour la raison. Il n'y a pas une morale, mais des morales...

La sadhana réclame une discipline librement consentie qui se résume en quelques éléments succincts :

1) Hygiène alimentaire.

Végétarisme sans alcool, ni tabac ou drogues diverses.

2) Hygiène physique.

Rétention de la libido, respect du corps, vie harmonieuse privilégiant l'essentiel.

3) Hygiène mentale.

Fréquentation de personnes spiritualisées et reflétant l'équilibre, la paix et l'honnêteté, rejet des angoisses, introspection périodique, ataraxie.

C'est sur ces bases et la stricte observance de l'ascèse que s'édifie toute sadhana authentique. Le contraire signerait l'inadéquation entre l'idée et la capacité à la réaliser. En toute raison, il est convenable de tirer la logique de l'échec en se retirant du jeu. Les exigences de la rationalité sont incompatibles avec la foi et ses corollaires.


"Le droit de la majorité n'est autre chose que le droit du plus fort. Mais il serait plus injuste encore que l'autorité du plus faible l'emportât".

SISMONDI

II - PRATIQUE MÉDITATIVE

La méditation inhérente au yoga supérieur est différente du hatha-yoga. A ce propos, SRI WAMANRAO GULAVANI MAHARADJ avait été très explicite dans son traité savant sur "Shaktipata". Après avoir reçu la transmission de l'énergie spirituelle, tous les autres yogas deviennent inutiles. Il devient impossible de suivre d'autres techniques yoguiques car l'énergie kundalinienne impose ses "règles" au corps humain, selon la nature.

Avant de recevoir "Shaktipata", il convient de savoir que les autres yogas ont leur utilité propre mais qu'ils seront abandonnés. En effet, un étudiant en université ne peut valablement pas rester à l'école secondaire. Autrement il y aurait une pathologie quelque part...

Le hatha-yoga est une voie qui concerne une certaine catégorie de personnes particulières, ne pouvant pas accéder au yoga de la méditation ou bien n'en connaissant pas l'existence. Il existe une qualité des individus qui sont différents les uns des autres, selon des dispositions spécifiques à chacun, et qu'il convient de respecter. Tout le monde ne peut pas devenir roi et chaque place revient à chacun, sur cette terre. Autrement dit, rien ne sert de briguer une ascèse supérieure s'il s'avère que l'on n'est pas prêt à la suivre et cette attitude n'a rien de dévalorisant, bien au contraire...

L'esprit de compétition et de rivalité est une aberration dans le cadre du yoga en général car il flatte l'ego au lieu de le sublimer. Il n'y a aucune supériorité, au sens usuel du terme, dans la recherche ascétique et les expériences spirituelles ne procurent aucune suprématie. L'effet du yoga est dans la non identification progressive avec l'ego. Il s'agit de devenir moins et d'être plus. Il faut que « je » diminue afin qu’ « il » croisse, énonce un axiome. La véritable Initiation n'est un pas acquis, d'ordre intellectuel ou énergétique ; elle est le dépouillement de l'Ego et l'orgueil.

En occident, ces préceptes élémentaires ne sont pas toujours observés par certains yogis dont les préoccupations commerciales priment sur l'authenticité de la science millénaire du yoga. A en croire quelques uns, les Occidentaux sauraient plus que les hindous en la matière. Ce genre d'assertion péremptoire n'engage que les personnes qui les émettent et... leur compte bancaire. Il ne suffit pas d'affirmer quelque chose pour créer l'événement. Encore faut-il prouver...

Face à l'Inde, compétente depuis des milliers d'années en yoga, ce n'est pas l'Occident orgueilleux et vaniteux qui pourrait valablement produire des contre vérités, graves en leurs conséquences pour les néophytes. Les textes indiens sont là, heureusement, pour maintenir les enseignements dans l'écrin d'honnêteté qui leur revient.

En ce contexte, le Siddha Yoga, pur reflet du Civaïsme au Cachemire, est le yoga supérieur de la méditation. Il s'articule sur les volets que voici :

1) Shaktipata.

Il s'agit d'un processus secret qui consiste à injecter l'énergie spirituelle (shakti) dans le corps d'un disciple, en ouvrant le canal médullaire central (sushumna) qui relie le coccyx au sommet du crâne. Plusieurs méthodes sont utilisées :

a) Par un mantra.

C'est une formule sans aucune signification particulière mais dont la sémantique obéit à des règles secrètes. Les effets sonores se font sentir au niveau de la colonne vertébrale et du cerveau, pour finir dans le système nerveux (sympathique et parasympathique).

b) Par la pensée.

L'intention mentale, liée à l'énergie kundalinienne, active l'éveil de l'énergie dans le corps du néophyte.

c) Par le toucher.

Avec la main, l'Initiateur touche par trois fois, en remontant, la corde spinale. Ainsi, il "sèche" les deux courants binaires et active le canal central, médullaire, tout en tirant l'énergie kundalinienne du récipiendaire vers le cerveau. Certains Sad-Gurus se contentent de toucher la zone dite du "3° oeil", pour limiter la "chose" en fonction de la disposition intérieure du néophyte.

2) Charge cosmique.

En concomitance, l'Initiateur transmet le mantra SO HAM et son mode de fonctionnement. Cette formule autorise la captation de l'énergie stellaire et n'est réellement opérante qu'après Shaktipata.

A lui seul, ce mantra réalise en peu de temps tout ce que le raja yoga promet en 20 ans de pratique assidue. A chaque reprise, il permet la combustion du bon et du mauvais karma, à la fois, par la remontée des samsaras.

Son efficacité dépend de la durée dans la pratique quotidienne qui ne doit pas être inférieure à 30 minutes. La concentration s'opère sur SO à l'inspiration et HAM à l'expiration, tout en fixant le regard mental sur le 3° oeil (Ajna) en une première étape, sur Anahat en une seconde et sur Muladhar en une troisième et dernière.

Ajna est le siège de l'orgueil et de l'intellect, quand il est fermé à Kundalini. Anahat, de même, est le lieu de la haine et de la passion, toutes deux négatives et destructrices. Muladhar (avec les autres cakras des jambes) est l'endroit de l'instinct et de la mémoire karmique. La circulation de la conscience dans ces cakras entraîne un processus de purification, drastique.

3) Les mantras.

Il existe plusieurs catégories de mantras dont la caractéristique est dans le symbolisme du travail à réaliser pour le disciple. La formule mantrique NAMAH CIVAYAH, reposant sur le vocable "Civah" (destructeur) signifie la disparition de l'ego; tout un programme.

Un autre mantra comme S. K. N. signifie l'incorporation de l'énergie de Krishna dans le corps du méditant (confer: Bagavatgeeta). A ce sujet, écoutons le récit de l'expérience vécue par Z...... qui souhaite garder l'anonymat:

"Le mantra, modifié pour la circonstance, fut chanté en compagnie de deux personnes. En quelques secondes, l'écran du mental fut occupé par une lueur bleue, aveuglante. Au bout de quelques minutes, Krishna en personne apparut, de couleur d'airain, avec un visage juvénile au front immense et bombé, aux grands yeux légèrement bridés, remontant vers les tempes et dont le 3° oeil vibrait. L'image, hallucinante de vérité et à trois dimensions, se déplaça vers la droite du champ mental pour disparaître. Immédiatement, la sensation d'un cyclone d'énergie imprégna les trois personnes dont une en fut le témoin privilégié. Enfin, en quelques instants tout le vortex énergétique entra dans le corps de Z......"

"Le lendemain, Z...... eut la vision d'une tour dorée, en méditation, d'où une langue pendait, laissant sortir des milliards d'êtres. Quelques jours plus tard, le même témoin découvrit, à sa grande surprise, dans un ouvrage sur la spiritualité indienne que l'un des multiples aspects de Krishna était de "créer" par sa langue (le verbe créateur) des milliards d'êtres divers. Dont acte..."

Ce genre d'événement est conforme à la tradition indienne qui connaît les vertus des déités tantriques qui répondent à l'appel de certains Yogis. Toutefois, ce récit ne peut pas créer l'émulation chez les disciples qui encourraient le risque d'un échec et garderaient rancune d'avoir nourri de fallacieux espoirs. Nul n'est prêt qu'à son heure et qui fait l'ange fait la bête.

Être prêt, comment le sait-on?