jeudi 5 janvier 2012

Les vrais mystères de la pensée indoue à la lumière d'Occident (Introduction - 2° partie)

La science spirituelle, indienne, du Soi s’inscrit dans la contemporanéité d’un contexte de questionnements :

1) Le domaine scientifique ne suffit pas à donner un sens à la vie ; les philosophies non plus, pas plus que les religions, idéologies, politiques, et cœtera, ne peuvent satisfaire cette nécessité.

2) Comment l’homme peut-il être moral, sans désespoir, dans cette vie finie et dépendante, où sévissent les guerres, tortures et génocides ?

3) Pourquoi l’existence si la Science ne peut pas faire accéder à une notion de Responsabilité ontologique ?

Autrement dit, si aucune découverte scientifique explique la souffrance, ses raisons, son dessein ; si l’ignorance reste le fondement de toutes les épreuves existentielles, comment peut-on imputer une responsabilité au Vivant ? Y a-t-il une âme des choses ?

La Science spirituelle, indienne, n’aboutit pas à une religion ; elle initie une interrogation devant l’athanor de la vie. Elle pose le problème : le Vivant, pourquoi ?

Le grand poète indien, RabindranathTAGORE, écrivait :

« Lorsqu’une religion a la prétention d’imposer sa doctrine à l’humanité entière, elle se dégrade en une tyrannie et devient une forme d’impérialisme ».

Dès lors, nous avons l’explication de l’hérésie spirituelle que constituent les religions dites révélées, lorsque l’on constate leur prosélytisme meurtrier du passé et le dynamisme de l’évangélisation tyrannique. Tant que l’Homme n’aura aucune justification ontologique à être moral, sinon à travers des vertus négatives qu’exploitèrent les diverses croyances par le monde, il se contentera de rester le plus parfait animal prédateur, le plus terrible. Plus odieux que le tyrannosaure puisqu’il est le seul à pratiquer l’agression intra spécifique à l’intérieur de sa propre espèce. Il faut une proposition, nouvelle, pour une Humanisation de l’Humain, que délivrerait la Science spirituelle de l’Inde. Or, dans l’état actuel des choses, seul l’Indouisme pourrait répondre à cette exigence.

La condensation d’énergie au sein de la matière est, en regard de la Genèse de l’univers, similaire à l’acte divin. Il s’agit d’une création. Mais le dilemme venant aussitôt à l’esprit est :

« Est-ce que la matière génère le Moi, la personnalité à l’instar de l’image d’un fantôme dans une boite noire ? Est-elle pensante, comme un ordinateur ? Ou bien, existe-t-il une entité, un flux de conscience ininterrompu, qui revêtirait tous les aspects de la forme – énergie matière – à l’infini et dans l’éternité ? En clair, est-ce que la matière devient pensante, par sa composition d’éléments très spécifiques, ou bien est-elle pensante par l’incorporation, la matérialisation d’une « âme » ? Comment l’existence a pu se manifester sur l’écran du rêve ?"

Après la mort, les univers, le cosmos, notre système solaire et la terre avec ses habitants, ne périssent pas avec nous. Ils continueront d’exister, malgré notre départ, et seront perçus différemment selon le degré d’évolution des espèces vivantes. Seul notre appareil sensoriel aura disparu et, avec lui, notre perception illusoire du monde. Pourquoi tout cela ?

Aucune religion n’a pu répondre à ce questionnement ; la Science non plus. Il restait la spiritualité indienne !

SOCRATE affirmait que la Sagesse était la conséquence de la Science. Il n’y aurait pas de sagesse ni de morale, instinctives. Tout viendrait de la « Connaissance ». Ce dernier vocable est lourd de sens car il diffère du mot « savoir ». Le savoir ne serait qu’un acquis mémoriel, issu du mental sensoriel. La connaissance découlerait d’un processus subtil de distanciation avec l’existentiel, à la manière d’un spectateur qui serait aussi acteur ; il se renverrait, à lui-même, le résultat de l’expérience sensorielle et obtiendrait un accroissement de sa Conscience par le sens virulent d’une responsabilisation en croissance quasi exponentielle.

Qu’est-ce que l’Ignorance ? La Réalisation spirituelle ? La Perfection ? Quelle est la nature du monde phénoménal, du mental ? Sont-ce des questions qui reflètent, uniquement, les limites et limitations de notre cerveau ? Et la notion du Vide d’où proviendrait une « certaine » énergie ? Au-delà du Vide, ultime concept, y a-t- il l’Ignorance inhérente à l’Être qui, par contradiction ontologique, initierait l’Existence pour la Connaissance ? Entre l’Être et l’Existentiel, y aurait-il un médium que l’hindouisme nommerait « atman », le christianisme, âme, etc. ?

La manipulation du mental collectif commence par le conditionnement individuel. Uniformiser, standardiser la pensée et le sentiment, satisfaire l’estomac en endormant la pensée, tous ces éléments furent exploités, autrefois, et le sont aujourd’hui, afin de gouverner et contrôler le psychisme des Humains. Les Hommes sont comme des bovidés qui sont hypnotisés par la propagande politique, véritable viol psychique. La Science spirituelle du Soi, en sa vocation d’éveil à une conscience supérieure, peut déshypnotiser le cherchant qui souffre et persévère. Pourquoi ? Comment ?

Imaginons que l’on soit seul, dans le désert du Sahara et que, loin devant nous, une image de couleur verte se présente à la vue. Si l’on n’a jamais vu de végétaux, on ne se réfèrera pas à ceux ci pour expliquer la nature de votre vision ; en avions nous vus, alors il viendra à notre esprit qu’il s’agit, sûrement, d’un arbre. Puis, nous avançons vers l’objet visuel, jusqu’au moment il s’évanouit et nous réalisons qu’il s’agissait de mirage. Que s’est-il passé ?

Une sorte d’hypnose s’était produite et qui s’articulait autour de quelques objets :

a) L’œil nous avait trompés et nous avons confondu une image virtuelle avec une réelle.

b) Le conditionnement de notre mémoire nous avait obligé à penser qu’il s’agissait, sûrement, d’un végétal.

c) L’illusion sensorielle provoqua la perception fausse d’un phénomène. Nous ne pensions pas qu’il pouvait s’agir d’une apparence. Nous avions fait acte de foi !

La Réalisation spirituelle a une vocation thérapeutique, de libération intérieure. Elle est une Science de l’Âme ? Quand s’inaugurera-t-elle ?

Les religions ont, toutes, drapé les rideaux de leurs sanctuaires du sang des Hérétiques qu’elles combattirent. Les sectes, dites initiatiques, ont manifesté de l’intolérance, voire du fanatisme exclusif, et les projecteurs de l’actualité se sont focalisés, actuellement, contre ce fléau. Au nom de la Raison, nous ne pouvons que combattre les dogmatismes qui ont pu, par le passé, aboutir à faire rôtir un Giordano BRUNO sur le bûcher de l’Inquisition vaticane et à faire renier le grand GALILÉE ; sous le prétexte que, tous les deux, affirmaient la rotondité de la terre.

Il n’existe pas une vérité mais plusieurs. Beaucoup de gens exigent la vérité qu’ils veulent croire. La quête de la vérité scientifique s’inscrit dans l’objectivité et aboutit à la notion de « connaissance ». Dans d’autres domaines du monde sensoriel, mental, la subjectivité sévit plus ou moins. Nous savons qu’un mirage saharien reflète un événement ; il ne le constitue point, sinon subjectivement. Ce que nous appelons et concevons comme « vérité » n’est que le fruit de la projection de notre subjectivité sur l’environnement qui se réfracte à travers nos structures neurologiques ; nous pensons : c’est la réalité ! Alors qu’il ne s’agit que d’un morceau de vérité. L’ultime Réalité est reculée à l’infini, de manière exponentielle ; elle ne saurait être atteinte car elle échappe au plan sensoriel ; le serait-elle que la vie serait finie et, de ce fait, n’ « existerait » pas ! L’idée de Réalité est liée à l’Être ; l’idée de Vérité à l’Existentiel. A ce propos, le grand penseur TEILHARD DE CHARDIN confiait :

« Parvenu à l’extrême de ses analyses, le savant ne sait plus trop si la structure qu’il atteint est l’essence de la matière qu’il étudie ou bien le reflet de sa propre pensée ».

Constat interrogatif qui conditionne toute considération scientifique. Car la question fondamentale qui se pose avec acuité, en corollaire de la pensée de ce Philosophe, est :

« Est-ce qu’il existe une Réalité que la Conscience n’atteindra jamais, sauf à la reculer infiniment, par des outils mentaux se spécifiant, sans cesse, de manière exponentielle ? »

Le Philosophe KANT concevait le monde existentiel s’articulant autour de deux volets :

- L’immanence.

- La transcendance.

L’immanence est comme l’état actuel d’une vérité, moment historique de la quête vers la connaissance.

La transcendance est comme la remise en cause d’une vérité, vers une autre, plus haute.

Ainsi, autrefois, l’atome fut considéré insécable ! Puis, Nicolas FERMI, le couple CURIE, découvrirent la fission de l’atome ! Vérité aujourd’hui ; erreur demain ! Nous cheminons, non pas d’erreurs en vérités, mais de vérités en vérités.

Extrait du Chapitre : « De la Sagesse de la Transcendance (al-hikmat as-subûhiyah) dans le verbe de Noé » - par MUHYI – D – DIN IBN ‘ARABI – La Sagesse des Prophètes (Fuçuç Al-Hikam) – Editions Albin MICHEL.

« Pour les connaissants des Vérités divines (ahl al-haqâlq), affirmer [unilatéralement] que Dieu est incomparable aux choses, c’est précisément limiter et rendre conditionnelle la conception de la Réalité divine [car on exclut ainsi les qualités des choses] ; celui qui nie toute similitude à l’égard de Dieu, sans se départir de ce point de vue exclusif, manifeste soit une ignorance, soit un manque de « tact » (adab). L’exotériste qui insiste uniquement sur la transcendance divine (al-tanzih) à l’exclusion de l’immanence (al-tashbîh)] calomnie Dieu et Ses envoyés – sur Eux la bénédiction divine ! – sans s’en apercevoir ; s’imaginant qu’il atteint la cible, il frappe tout à côté ; car il est de ceux qui n’acceptent qu’une partie de la révélation divine et en rejettent l’autre. »

Fin de citation

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