vendredi 6 janvier 2012

Les vrais mystères de la pensée indoue à la lumière d'Occident (Introduction à la Bhagawat Geeta - 1° volet)

INTRODUCTION À LA BHAGAWAT-GEETA



Si l’on prend de l’eau à 10 °centigrades et une autre à 20°, la première est froide et l’autre chaude. Mais si nous prenons une troisième eau à 30°, les deux autres deviennent alors froides ! Aux vérités préalables succèdent, toujours, d’autres plus élevées. A l’infini, de manière exponentielle.

En ce contexte, la Vérité ne saurait pas être un acquis. Elle sera, plus fondamentalement, un vécu ontologique, le fruit du dépouillement des vérités contingentes, éphémères, qu’il convient de « casser » ainsi que nous y invitait le grand Charles PEGUY. La Vérité est comme un état intérieur de la Conscience achevée et réalisée. Initiation véritable.

Nul n’est initié que par lui-même ! Car l’évolution ontologique est strictement individuelle. Nul ne peut se substituer à nous-même pour évoluer ; aucune secte, aucune religion, aucune « révélation » sacrée ou pas ! Le Sacré c’est la Vie, l’Univers, les Mondes. Il est partout et nulle part.

Mais la Spiritualité ne saurait être inféodée, accaparée, récupérée par une idéologie pseudo initiatique. Pseudo initiatique quand le sectarisme se substitue à l’Universalisme de la conscience ; quand des despotes et faux « gourous » accroissent le prédateur originel qui réside en eux ; quand ils endoctrinent et évangélisent des victimes alors qu’il s’agit d’Éveil de la Conscience. Toute Vérité organisée est une incongruité la plus terrible.

La liberté s’use si on ne l’utilise point. Déjà, autrefois, on a pu entendre :

« Laissez-les, Monseigneur, dans l’ignorance car, s’ils venaient à comprendre, ils n’obéiraient plus » !

Il existe un compartimentage des connaissances, caractéristique majeure de notre civilisation occidentale. Si nous prenons l’Inde, par exemple, tout y est possible car la civilisation indienne ne repose pas encore sur le contrôle de chaque citoyen. En dehors des notions aseptisées du « bien » et du « mal », selon le concept lacanien de ces termes (le psychologue LACAN affirmait : souvent, c’est au nom du bien que l’on fait le mal), l’individu est libre du choix de ses croyances, de fréquenter n’importe quel « guru » (ce terme n’a pas la même signification qu’en occident - il signifie la victoire de la lumière sur les ténèbres), d’écrire ce qu’il veut, sans tabou, d’agir comme il lui semble, à condition de ne nuire à l’intégrité de personne. C’est le libre progrès. Ce n’est pas le paradis qui n’existe nulle part, mais c’est encore une aire d’aventure non aseptisée. Pour combien de temps ?

Certes, il ne convient pas de rêver et d’appréhender des vaches sacrées dans nos rues (Le grand GANDHIJI  affirmait : « Protéger la vache signifie défendre tous les êtres muets que Dieu a créés… L’hindouisme vivra tant qu’il y aura des Indous qui protègeront la vache »). Mais, le constat du Philosophe est d’actualité :

« Entre l’Inspiration socialisée, l’Intellectualisme financé, l’Amour légalisé, la Liberté industrialisée, la Paix armée, l’Expression canalisée à des fins de « pouvoir », la faiblesse de nos civilisations contemporaines est ainsi constituée. Nous vivons dans une atmosphère de menace permanente, asphyxiante, d’agitation ludique ou futile, de misère mentale et spirituelle. »

Considérons les lemmes suivants :

a) Il faut cesser d’exister pour être !

b) Il faut savoir mourir à l’illusion sensorielle pour consciencialiser la Vacuité.

S’il y a une cosmogenèse, contemporaine de l’état actuel de nos connaissances en astrophysique, pourquoi plusieurs métaphysiques ?

Alors qu’il pourrait y avoir, de manière essentiellement rationnelle :

a) Un macrocosme (laboratoire universel)

b) Un médium (laboratoire inorganique et organique)

c) Un microcosme (laboratoire alchimique)

L’occident connaît l’invasion culturelle de traditions étrangères, de manière diversement ressentie par l’Homme d’aujourd’hui. Innovant ainsi un bouillon de culture, les habitudes de penser sont confrontées à la nouveauté qu’exploitent quantité de marchands d’ésotérisme et d’exotisme. Aussi est-il opportun de revenir à des concepts plus salubres dans le domaine de l’Indouisme, notamment, qui est un des courants de pensée le plus percutant depuis quelques décennies.

Parmi les textes fondamentaux sur la pensée hindoue, l’un est surtout considéré de manière privilégiée, en Indes ; il s’agit de la BHAGAWAT-GEETA dont l'étude s’inscrit dans l’exigence de notre temps. Après nous être frotté aux divers ésotérismes de par le monde: soufisme, kabbale, chamanisme, franc-maçonnerie, yoga supérieur, et quantité d'autres encore, il nous est apparu un substrat commun à tous ! Comme un puzzle disjoint, une Tradition une en son essence, mais multiple en ses aspects, s'imposa comme une évidence. Aussi, nous ne pouvions pas faire l'impasse sur la plus importante composante de ce puzzle que constitue la BHAGAWAT-GEETA. Bien que ce texte ait fait l’objet d’analyses diverses, aucune ne nous a semblé correspondre aux nécessités spirituelles de notre temps qui se caractérise, surtout, comme une espèce de « Super Marché de la spiritualité », sans repères ni critères de discernement. Tous nos lecteurs n’ambitionneront pas de devenir des ARJUNA mais nous essaierons d’étancher une soif sincère d’authenticité.

La BHAGAWAT-GEETA est un poème épique, sur la Création des univers, comparable à la Genèse de la Bible hébraïque (lue dans le texte car toutes les traductions sont exécrables) à laquelle il convient d’ajouter l’Apocalypse qui en est l’accomplissement. Son sens étymologique repose sur les vocables BHAGAWAT (un des noms de KRISHNA) et GEETA (chant). Elle est le Chant de KRISHNA, symbole du SOI inhérent à l’apparition des Univers, la Ballade de l’ÉVEIL à la CONSCIENCE du SOI. Jean GIONO, à travers le titre de son ouvrage : « Le Chant du Monde », a une formulation analogue et splendide.

Les protagonistes principaux sont au nombre de deux et ils signent le dualisme, cher au ZEND AVESTA, qui préside à l’apparition du monde. Nous en trouvons l’analogie au sein de toutes les traditions : Adam et Ève, pour la Bible, Yin et Yang dans le Taoïsme, les Ténèbres et la Lumière, le Vide et le Plein, et cœtera. En la circonstance nous avons donc KRISHNA qui est considéré comme la Personne Suprême (la Cause Principe), DIEU (Allah, etc...), et son disciple ARJUNA qui symbolise l’Énergie-Matière (Kundalini - Shakti). Leur dialogue est purement symbolique et à sens multiple ; il s’agit du jeu de la vie et de la mort qui constitue la trame de l’Éveil de la Conscience en sa Réalisation, ouvrage surréel. Il évoque l’apparition des mondes, en mode duel (centrifuge et centripète), et la SCIENCE DE LA RÉALISATION SPIRITUELLE présentée sous l'aspect d'un combat qui est aussi un duo, selon la multitude des aspects de l’Unicité Principe. KRISHNA signifie le SOI et ARJUNA (le corps – le char des mondes roulant dans les Eaux primordiales) sa manifestation matérielle, énergétique. Ces clefs symboliques sont essentielles pour la compréhension de l'épopée.

Il importe, avant d’aborder l’étude approfondie d’un corpus doctrinal que nous considérons comme la Clef majeure de la Spiritualité hindoue, de retenir la définition de vocables comme symboles et symbolique :

1) La symbolique est la pratique des symboles, tandis que la sémantique qui la complète étudie le sens des mots. Le langage reste un moyen de communication et la langue est l’instrument qui sert à transmettre les idées. Le processus fondamental de la communication, par le langage parlé, consiste en une association psychique entre deux termes réunis:

- La forme signifiante

- Le concept signifié

Ensuite interviennent les deux phases de l’évocation du nom par la chose et celle de la chose par le nom.

2) La notion de symbole peut se trouver dans la sémantique comme en dehors d’elle. Selon l’étymologie grecque, le symbole est un signe de reconnaissance formé par les deux moitiés d’un objet brisé, qu’on rapproche. Plus exactement, le symbole réside dans l’une de ces moitiés car, après avoir réuni les deux parties, nous avons la réalité de l’objet ou du sujet. Par conséquent, la moitié d’un objet est l’image, le signe de son autre moitié absente, d’une part, puis le symbole de son tout, d’autre part. Ainsi le signe peut être le catalyseur d’une attitude de la pensée qui se tend vers ce qui est absent.

Le symbole est aussi défini comme « ce qui représente autre chose en vertu d’une correspondance analogique ». L’analogie est une identité du rapport qui unit, deux à deux, les termes de plusieurs couples. Cette même identité peut s’appréhender lors d’une expérience concrète ou d’une construction mentale.

Ces deux définitions complémentaires permettent de formuler qu’un symbole est un signe concret évoquant, selon un rapport naturel, un élément absent ou impossible à percevoir en un certain état actuel des choses. Par extension, c’est alors un signe autorisant le psychisme à entrer en résonance avec une réalité autre et dans le cadre d’une dimension différente.

L’accumulation des symboles, leur multiplication, aboutissent à des systèmes de pensée plus ou moins formels, selon qu’ils ont disparu devant la réalité qu’ils sous tendaient ou, au contraire, se sont substitués à celle-ci par carence intellectuelle ou pour d’autres raisons. Il en est ainsi, par exemple, pour la superstition qui revêt, souvent, un savoir disparu faute d’avoir été partagé et compris.

Aussi, peut-on constater que des symboles se confondent avec un savoir, bien que le lien avec la réalité ait été rompue avec le temps, et qu’ils définissent la symbolique spécifique d’une religion, d’un courant idéologique ou politique. La dogmatique judéo-chrétienne est un modèle flagrant de faux savoir; le grand philosophe KANT l’avait dénoncé.

En ce contexte, la présente étude retiendra comme postulat fondamental que l’épopée de KRISHNA et d’ARJUNA se déroule dans le « Champ Existentiel et Illusoire des sens – l’Ego matériel », et qu’elle évoque la Réalisation du SOI, conçu comme Dieu dans la culture judéo-chrétienne, de sa Puissance. Cette « Aventure » véhicule le Symbole d’une Réalité vers laquelle l’Être tend sans jamais l’atteindre. Si nous voulions exprimer une image, nous pourrions proposer ceci :

- De toute éternité, le SOI – la potentialité – l’Absolu, l’Océan.

- Au début (de Quoi ? De Rien ? De Tout ?) il y a le Vide (quantique par exemple), ou bien le Tao (notion chinoise, analogue) ou siègent l’Inconscience, l’Ignorance, la Nescience (peu importent les mots). L’Inconscience était au sein du Vide. Le Relatif.

- Puis, au sein de Rien, la Conscience apparaît, à travers une expansion exponentielle dans la multitude des aspects énergétiques et matériels. Il s’agit comme d’une « nécessité »ontologique.

- Symboliquement ce processus peut se gloser à travers une formule : « J’étais, comme Dieu, inconscient au sein du Vide ; puis, je Suis devenu Conscient, comme Dieu, au sein du Vide. En un perpétuel devenir ! »

- Ce serait peut-être, à cause de l’Ignorance de Dieu à l’égard de lui-même que la création, donc l’homme lui-même, apparut afin de lui renvoyer l’image de sa propre existence. Car : « D’où vient la création du monde ? Dieu le sait sans doute…, mais peut-être ne le sait-il point lui-même ? » (Les Védas).

- La projection de ce reflet, du Relatif contingent, sur l’Absolu, se traduirait à travers les concepts d’Amour Connaissance, dont l’exponentialité repousserait éternellement l’Ultime Réalité à l’infini.

- L’Homme vivrait, par conséquent, par sa propre Vérité subjective et objective, inhérente à son mode sensuel de vie, en regard d’une Réalité éternellement fuyante. Projetant sa subjectivité globale sur le Monde, sur son monde, il cheminerait de vérité en vérité vers une Réalité toujours cherchée mais jamais atteinte. A l’image d’une courbe asymptotique qui court sur l’abscisse et l’ordonnée, sans jamais les rejoindre.

Ces considérations sont inhérentes à l’état actuel d’évolution ontologique de l’humain, de son propre cerveau contemporain et susceptible de mutation dans les milliers d’années à venir. L’homme n’est que le moment historique d’un Monde en évolution éternelle et il serait aberrant de considérer ses découvertes phénoménologiques comme ressortissant d’une Vérité finie. Demain, l’être humain concevra le monde et la spiritualité avec un regard complètement différent ; aussi distinct que celui du papillon par rapport à la chenille, sur l’environnement.

Nous développerons ces données philosophiques et spirituelles tout le long du document indien ; sans nous attarder sur les aspects historiques d’une épopée dont les éléments ont pu faire l’objet d’études, valant référence, par divers commentateurs indiens et occidentaux. Quant à énoncer une appréciation sur la valeur des indices historiques, nous nous y refusons, laissant aux exégètes et archéologues le soin d’étayer les diverses théories, lors de découvertes éventuelles. Aucune spéculation, ni compilation de cet ordre ne se trouvera dans notre ouvrage.

La BHAGAWAT-GEETA fait partie du MAHABHARATA, la grande épopée de l'Inde, que compila SHREE LAVYASADEVA, avatar venu sur terre il y a 5.000 ans environ, et à qui l'on doit la rédaction des Védas. Les divers protagonistes seraient assimilés à des étapes de la création de l’univers et, selon les compilateurs de l’histoire indienne, il y eut sûrement un syncrétisme de diverses traditions relatant les annales de l’Inde elle-même. Pour les besoins de l’Histoire, on dut attribuer, symboliquement, des êtres humains ayant réellement vécu, à des moments de la Vie planétaire et cosmique. D’où la confusion entre le Réel et le Surréel. N’allons pas en déduire qu’il s’agit uniquement de fables. Ce serait une conclusion hâtive et à priori ; une insulte à l’intelligence de ne pas retenir la formulation de paraboles.

Tout l’ouvrage en son entier s’articule autour de deux volets fondamentaux et essentiels que la plupart des commentateurs ont confondus, suscitant ainsi l’apparition de sectarisme au sein duquel se sont fourvoyés quantité de gens crédules, jeunes et vieux :

1) Le couple KRISHNA, ARJUNA, relève du plan causal présidant à la création des univers.

2) Le premier (KRISHNA - le SOI) n’intervient pas « in actu » dans le monde mais « in situ ».

3) Le second (ARJUNA – la Matière – Énergie) est la manifestation spatio temporelle du SOI. Il intervient « in actu » L’existence au plan de la forme, au sein du moule procuré par la matière vivante, inorganique et organique, comporte les mêmes éléments émanés du SOI des origines (c’est une métaphore) par homologie, mais adaptés à leurs différences ontologiques.

4) Les deux appartiennent au domaine de l’ « Essence » divine, à la « soupe quantique », en deçà et au-delà, vers l’infini des formes, si nous voulions utiliser un langage scientifique, moderne ; de manière indissoluble.

5) Le monde de l’expérience est considéré comme illusoire car il n’est que relatif et contingent. A travers la multiplicité des aspects infinis se dessine l’unicité du Soi qui se renvoie à lui-même le fruit des épreuves existentielles.

6) De ce constat découle la quasi certitude que nous faisons le monde dans lequel nous vivons, qu’il n’est que la projection de notre psychisme actuel et momentané sur une Réalité autre qui est le SOI universel. Autrement dit, ce que nous concevons comme la Vérité ne serait que la conclusion temporaire du jaillissement de nos sens sur une Réalité supérieure, à jamais fuyante et infinie : le SOI qui utiliserait les matériaux antérieurs pour élaborer d’autres structures existentielles, à venir. Le SOI serait la Réalité et l’Existence l’Illusion. Nommons aussi notre existence : Ego, et nous aurons un ultime référent pour la suite de notre étude, bien qu’il faille retenir que la psychologie moderne a différentes Écoles pour définir cet Ego tant honni, voué à la disparition post mortem et muable lors des infinies réincarnations. L’Ego ne se réincarnant jamais, et pour cause, il faut envisager sous le vocable « réincarnation » le retour à la vie énergético-matérielle d’un « vecteur » du SOI et de l’indifférencié au sein du différencié, d’un flux de conscience évoluant exponentiellement et éternellement.

Ces données seront indispensables pour la compréhension de toute la Doctrine hindoue.

Au plan terrestre, l'histoire, qui sert de support symbolique à l'enseignement spirituel, se résume ainsi :

a) Un grand (Maha) roi dénommé BHARAT eut de nombreux rejetons jusqu’aux trois fils du roi VICITRAVIRYA :

b) DHRTARASTRA qui fut le père des KURUS et aurait dû hériter du trône s'il n'avait été aveugle de naissance. Il eut cent enfants dont DURYODHANA.

c) PANDU, frère cadet de DHRTARASTRA, qui fut le père des PANDUS et reçut le pouvoir en conséquence du handicap de son frère aîné. Il eut cinq fils dont l'un se nomma ARJUNA.

d) VIDURA.

Les KURUS et les PANDUS, se firent la guerre pour des raisons de prééminence ; les premiers se considérant lésés par rapport aux seconds, leur déclarèrent une guerre effroyable qui aboutit à une hécatombe humaine.

Nous allons tenter d’expliquer le symbolisme sous-jacent, tel qu’il nous apparaît. Un roi BHARAT (le « big bang » de la science moderne) eut deux filiations principales (les KURUS et les PANDUS) qui se battirent. Le principe de la « dualité » des opposés s’affirme (le positif contre le négatif, etc.)

Dans la kabbale hébraïque, ésotérisme du judéo christianisme, nous avons l’homologie des mêmes concepts, symboliques évidement :

a) - AÏN qui signifie le Rien (le roi BHARAT) ; car un roi ne possède que le pouvoir et pas la puissance que détient le peuple. Il n’agit que par délégation ; sans elle, il n’est Rien. Or, sur le plan causal, c’est le SOI qui détient la Puissance ; le Rien avec le Soi se résume dans le Tout. C’est le SOI qui « donne et reprend » ! Mais ce n’est qu’une image.
 
Peut-on voir une analogie avec le poème de la Création dans la Genèse ? Les premiers mots sont signifiants. Bereshit bara Ælohim : les exégètes juifs remarquent que le verbe « bara » est déjà inclus dans le bereshit qui signifie littéralement “en tête”. Or ce verbe, selon le très fort commentaire de Paul NOTHOMB, ne peut avoir qu’un sujet, DIEU, et qu’un complément, la LIBERTÉ. Bereshit désignerait donc le don d’une liberté première qui serait aussi une pensée.

Dieu bara, selon le premier mode d’action divine, d’après la Genèse.

b) - AÏN SOPH qui désigne les ténèbres de la matrice, du potentiel (DHRTARASTRA – KURUS – la nuit).

Dieu dit, d’après le second mode d’action selon la Genèse.

c) - AÏN SOPH AUR qui symbolise la lumière de la vie actualisée (ARJUNA – PANDUS – le jour).

Dieu sépare, dernier mode d’action divine, selon la Genèse.

Lorsque la sémiologie traduit le concept de combat des ténèbres contre la lumière, il s’agit évidemment de symbolisme. La trilogie indienne ou hébraïque a la même connotation de complémentarité ressentie, au plan illusoire de la MAYA de la vie terrestre ; faussement comme une guerre.

Avant la Lumière incarnée dans le moule de la forme matérielle, et symbolisée par PANDU, il existe une donnée essentielle derrière l’image de DHRTARASTRA qui est aveugle car il ne dispose pas encore des sens perceptifs ; il est dans la « nuit ». Sa cécité personnifie la "matière énergie" brute, antérieurement à l’apparition du premier jour ! Cette matière ténébreuse – nous l’avons abordée plus haut – n’a pas encore acquis un système sensoriel qui lui permette l’Existence par l’Épreuve.

Le jour premier représente l’avènement des cinq sens qui instaure le Champ existentiel : le DHARMA. Ce même jour est attribué à la Lumière dharmique, aux PANDUS et à ARJUNA, sur le plan symbolique.

Dans la vie sociale, DHRTARASTRA représente une catégorie d’êtres humains qui s'opposent à la réalisation du DHARMA (le dessein universel et infini tel que nous le présente le théâtre qu’anime le SOI au travers des formes qu’il revêt et revêtira – nous étudierons cela en détail, plus loin) par l’identification à leurs simples agrégats en oubliant le SOI qui les anime. Cette opposition va plus loin qu’une simple donne philosophique ! Elle a ses prolongements en tous les domaines de la Vie en sa globalité. Nous l’étudierons de manière très spécifique lorsque nous aborderons l’Écologie Universelle !

Par eux-mêmes, les organes sensoriels ne fonctionnent point. Les UPANISHADS enseignent que la vue, l'ouïe, l’odorat, le goût et le toucher découlent des organes intérieurs de l'âme, et qu'ils se servent de la matière comme d'un moyen pour expérimenter les phénomènes de la vie. Sans l'existence de ce pouvoir, ou être (le SOI), qui réside en nous et nous informe, l'assemblage des particules, ou agrégats, que constitue le corps physique est mort et "aveugle". Par analogie, un écran cathodique ne sert à rien s’il n’y a pas d’électricité pour le faire fonctionner ni d’opérateur pour en exploiter les données. Le « DHARMA » de cet outil est donc la synthèse de tout les éléments fonctionnels ; son contraire l’ « ADHARMA » aboutit au retour à l’état de potentialité (ce concept est indispensable à comprendre pour la suite). Relevons, déjà, l’idée du système des « poupées russes » dans le concept des Univers. Tout a une correspondance analogique et homologique, même au niveau des antagonismes. La leçon à retenir est que la Matière existe en se Réalisant à travers ses processus sensoriels et cognitifs : c’est le DHARMA.

Le SOI crée les organes des sens, essentiels à l’existence matérielle. La matière symbolise donc l’Ignorance et l’Illusion quand le SOI (l’Absolu) ne s’y Réalise point en ne se renvoyant pas à lui-même la notion de Relatif, du contingent. Par analogie la matière désigne les ténèbres, la matrice potentielle. Ceci est très important car la Mère-Matrice est, à la fois, nourrie, fermentée et animée par le SOI qui gouverne et détermine le passage de l’inorganique à l’organique. Aussi lorsque les anciens Maîtres de Sagesse énonçaient, comme principe fondamental à l’Eveil intérieur, la disparition de l’Ego, ils entendaient simplement la non identification au moment historique d’une personnalité créée et limitée par son système sensoriel.

PANDU, qui est de la même source que son frère, eut cinq fils (les cinq sens) ; par conséquent, il correspond au DHARMA ! C’est, là, une donnée essentielle et fondamentale dans l’édifice cosmique tel que le conçoit l’hindouisme. L’un d’entre eux se nomma ARJUNA (qui pourrait être le symbole de la Réalisation du sens – cakra – le plus élevé dans l’échelle ontologique : AJNA CHAKRA – l’équivalent du 3° œil qui est la porte neurologique d’accès à la Réalisation du SOI). Les cent fils de DHRTARASTRA peuvent traduire la multitude infinie de formes matricielles qui s’accouchent et accouchent le mode sensoriel de la vie afin de répondre aux nécessités du DHARMA.

PANDU eut un fils qui se distingue des quatre autres : ARJUNA. Par transposition, il s’agit de l’ajustement du 5° cakra – AJNA – charnière entre la matière ouvrée par les sens et le monde des causes (le Royaume - la cathédrale de l’âme – le cerveau). L’image est claire : PANDU (la matière éclairée par les sens) s’élève sur le plan ontologique au plan signifié par AJNA et devient ARJUNA (AJNA auquel est ajouté RU – la lumière consciente). Ce n’est qu’à ce moment historique de la matière que la Conscience se renvoie à elle-même la certitude de son SOI, concept qui se réalise pleinement avec l’accès au BRAHMARANDRA, ultime cakra coronal ouvrant définitivement la Porte sur l’Ailleurs.

Que dit l’Apocalypse de JEAN ?

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