vendredi 26 août 2011

La vérité sur KRISHNAMURTI ou la falsification des choses



LA VÉRITÉ SUR KRISHNAMURTI OU LA FALSIFICATION DES CHOSES
 
Boris PASTERNAK l'a dit : "L'instinct grégaire est le refuge de l'absence de dons". Cette maxime se vérifia, tout le long de l'affaire KRISHNAMURTI.

A la suite de sa démission, au sein de l'Ordre de l'Étoile d'Orient, KRISHNAMURTI fut le prétexte à la récupération et à la falsification de sa démarche, par des personnes soucieuses de sauver le navire, pour des raisons diverses et variées. La Société Théosophique supplia KRISHNAMURTI de désigner un Président. Il choisit une Présidente en la personne d’une Indienne ; obligé, ainsi, à une concession.

Un entretien, qui se déroula quelque temps après le discours de KRISHNAMURTI, entre un ancien disciple et de pseudo maîtres, révèle la subtilité dans une certaine dialectique qui visa à ébranler la valeur et la validité de l'acte de dissolution. Il n'y eut point d'argumentation réelle, de la part des réfractaires. Le raisonnement logique fut oblitéré au profit d'affirmations péremptoires, objet d'un quasi monologue narcissique s'articulant autour de phrases ampoulées, reflétant la précarité  de la situation. Le divan moelleux où se vautraient la vanité et l'insignifiance des propos, dans le salon lambrissé, londonien, fut à l'image cotonneuse des philosophes de boudoir, sirotant le "five o'clock tea".

La réussite des contempteurs fut partielle : elle s'avéra néanmoins car les coups portés à KRISHNAMURTI ne s'arrêtèrent point. Ils continuèrent jusqu'à sa mort ; l'oubli est ensuite venu investir le carreau d'une mine... d’argent que les marchands du temple persistèrent à exploiter, quelque temps.

Écoutons ces protagonistes, inconnus, qui nous laissent un goût amer, déjà connu, de fossoyeurs de la pensée et du sentiment.

La postérité jugera.



"Les très grandes questions sont celles sur quoi le premier venu n'a,
pas plus qu'un autre, chance de déraisonner".


Jean ROSTAND

"Quand un Homme parle à un autre Homme, qui ne le comprend pas,
et que le premier qui parle ne comprend plus, c'est de la métaphysique".


VOLTAIRE

CONTROVERSE ET SOPHISMES

"Le Star Bulletin! Je le lis aussi moi-même... Malgré cela, comme vous voyez, ajouta-t-il en souriant, je crois toujours aux Maîtres !"

Le "Star Bulletin" fut un journal, créé à l’époque de la dissolution de l'Ordre de l'Étoile d'Orient, et dont le but était de publier l'enseignement de KRISHNAMURTI. Pourtant, le message de ce dernier avait été explicite : il ne voulait plus d'école spirituelle créée autour de son nom. Mais il fut trahi, d'emblée ! On voulait traire la « Vache » !

L'interlocuteur confie qu'il considère toujours KRISHNAMURTI comme un Maître. Mais la suite de ses dires va contredire cette proposition, avec un pharisaïsme éhonté.

"Je suis heureux que quelqu'un y croie, remarqua Sir THOMAS, avec une bonhomie ironique. Ah ! Mes amis, si les idées de KRISHNAMURTI étaient universellement admises, plusieurs d'entre nous pourraient tout aussi bien se transporter sur une autre planète".
 
La subtilité est de taille. Le discours signifie que l'interlocuteur se juge, se situe au dessus de KRISHNAMURTI et, en conséquence, il considère que si les autres Hommes l'avaient compris , lui et quelques autres "Initiés" n'auraient plus rien à faire sur la terre car les humains auraient été éclairés. A moins qu’il ne pense autre chose ! En l’occurrence, si le Philosophe avait intoxiqué la planète entière, avec des idées jugées subversives, le problème serait grave à ses yeux et justifierait leur départ ailleurs ! Sur une autre planète ? Cet élément n’est pas sans rappeler  le scandale du meurtre collectif sous la dictature templière de Luc JOURET et Jo DI MEMBRO, lors de quelques décennies passées. Tous les néo templiers devaient partir sur une planète lointaine, Sirius, après la mort !
 
Plus loin les divers intervenants vont discréditer KRISHNAMURTI, se contredisant eux-mêmes, parfois !
 
"Dois-je comprendre, Sir THOMAS, que vous n'approuvez pas entièrement les méthodes de KRISHNAMURTI ?"

Après s'être placés au niveau de KRISHNAMURTI, par une pirouette de rhétorique, les orateurs vont ainsi pouvoir critiquer leur "inférieur"... ! Il y a des prétentions à la hauteur de la bêtise de leurs auteurs. Déjà, les curés se plaçaient au niveau du CHRIST en se permettant, suprême injure, de modifier ses enseignements sous le prétexte de maturation théologique ! En effet, la majorité des Évangiles a été modifiée, exploitée, pour satisfaire l’hégémonie des églises. SIMON de MONTFORT est de toutes les époques.

"Malheureusement, il n'a pas de véritable méthode, depuis qu'il a pris l'initiation d'Arhat et qu'il a cessé d'être le médium du Seigneur MAITREYA . Mieux eût valu, à ce moment-là, qu'il se retirât de la vie publique pour méditer dans la solitude, ainsi que les Arhats des temps anciens".

Ici nous avons le sermon ésotérique, classique, dont la vocation est de plonger l'interlocuteur dans une nébuleuse intellectuelle, à l'aide de mots et formules occultes afin de l'impressionner. Être incompréhensible pour mieux manipuler..., c'est un peu comme pour le docteur KNOCK qui, après avoir demandé à un malade présumé s'il connaissait le latin, et en avoir obtenu une réponse négative, l'abreuva de locutions latines, inintelligibles, pour mieux l'intimider. MOLIÈRE n'est pas mort !

"Je suis un peu dans le vague, au sujet de cette initiation d'Arhat".

"C'est l'initiation au cours de laquelle le Maître retire toute espèce de direction à l'élève, qui peut avoir à résoudre les plus graves problèmes sans être autorisé à poser une seule question, expliqua-t-il. Il doit se fier uniquement à son propre jugement et, s'il commet une erreur, en supporter les conséquences".

"Mais que fit alors KRISHNAMURTI », intervint notre hôte qui avait évidemment saisi cette digression. « Ce qu'a coutume de faire le serviteur qui sait qu'on est sur le point de le congédier, et se hâte de donner lui-même son congé ; en d'autres mots, il rompit tout rapport avec la Loge Blanche et répudia chacun d'entre nous".

Là, l'accusation est de taille. KRISHNAMURTI n'allait pas être congédié puisque tous les disciples le suppliaient de rester leur Guru. Quant à sa rupture avec la Loge Blanche, on aurait pu demander à Monseigneur LEADBEATER si ses pulsions sexuelles, excitées au contact du jeune KRISHNAMURTI, s'intégraient dans le projet spirituel inhérent à l'Arhat.

« Bien malheureusement », ajouta J.M.H., « il induisit à agir de même un certain nombre de gens inférieurs à lui dans le domaine de l'évolution spirituelle. De plus, au lieu de diffuser la Doctrine Nouvelle dont le monde avait un si immense besoin, il échappa aux responsabilités de sa mission de Prophète et de Maître, en revenant, spirituellement parlant, à une incarnation passée, c'est à dire à cette ancienne philosophie de sa race qui vous est familière, mais qui s'avère tout à fait inutile, dans le présent Cycle et pour le Monde Occidental".

KRISHNAMURTI se refusa à employer un langage dichotomique à l'égard des personnes. Jamais il supposa qu'il y avait des gens inférieurs aux autres, sur le plan spirituel. La parabole de la pyramide avec ses versants complémentaires qui mènent tous à son sommet, ne devait pas lui être inconnue. La tradition est une en son essence et multiple en ses aspects ; l'Homme aussi.
  
Mais la réaction pharisaïque de ces personnages traduit une connotation avec une certaine religion qui prône, et nous citons :

« Jésus était Vrai Homme et Vrai Dieu ».
 
Ce qui revient à dire que l’Homme ordinaire n’est pas Vrai Homme et encore moins Vrai Dieu. Le "vulgum pecus" est relégué au rang de « sous Homme ». Par conséquent, en plus du péché originel, l’Homme « ordinaire » est encore plus enfoncé au rang de « merde », voire de « sous merde » ! Et, avec ce genre de discours, les religions continuent d’exister ! Et les contestataires de KRISHNAMURTI de sévir !

"Alors nous avions donc raison », m'exclamai-je, c'est bien la philosophie de l'Advaïta" ? Il me fit signe que oui.

"Cependant le public, auquel il s'adresse, s'imagine qu'il reçoit un Message nouveau et, comme tel, ce Message l'impressionne trop fortement », dit à son tour Sir THOMAS. « Le message que KRISHNAMURTI devait apporter, il ne l'a pas délivré, ou n'en a délivré qu'une partie : rien qui touche à l'art, nul plan concernant la nouvelle sous-race, nul programme éducatif. En lieu et place de tout cela, l'Advaïta, une philosophie pour chélas et l'une des voies de Libération les plus fréquemment mécomprises".

Plus tard, KRISHNAMURTI écrivit de nombreux ouvrages sur l'éducation et la culture. Son principe du libre progrès avait trouvé un écho retentissant auprès d'un autre Sage : SRI AUROBINDO qui édifia une École du même nom à Pondichéry, ancien comptoir français (Indes).

La lecture du discours de dissolution de l'Ordre de l'Étoile convainc tout un chacun que l'enseignement de KRISHNAMURTI est d'une densité universelle qui dépasse toute doctrine académique, fusse l'Advaïta !

"Faut-il donc admettre », hasardai-je, « que la mission de KRISHNAMURTI est une faillite totale " ?

"Ami », dit le vieux gentleman, « vous posez beaucoup de questions... Quel usage ferez-vous de nos réponses, si nous vous contentons ?»

"Sir THOMAS », répliquai-je, « à cause de KRISHNAMURTI bon nombre de gens sont dans une grande détresse : si vous vouliez être assez aimable pour m'éclairer un peu sur ce sujet, je serais peut-être à même de les éclairer, eux".

Il est un axiome qui veut que, pour se convaincre soi-même, à la suite d'un doute, il suffit de faire du prosélytisme. L'adhésion des autres à la théorie, objet de notre doute, nous persuade de notre erreur à ne pas croire en elle ; elle reconvertit. Les Théologiens ne manquèrent pas d'appliquer ce principe à l'égard des séminaristes tièdes en matière de foi, à l’instar des Popes de l’Église orthodoxe sous les Tsars de la vieille Russie ; ils les envoyaient évangéliser. Ceux-ci revenaient, complètement fanatisés car, pour convaincre autrui, il faut soi-même être convaincu. Le menteur, qui veut persuader, doit croire lui-même en son propre mensonge pour en faire une vérité ! Tout un programme.

L'interlocuteur de Sir THOMAS s'empresse de proposer son énergie pour faire du prosélytisme ; il espère, ainsi, lever les derniers doutes qui l'habitent, en s'investissant d'une mission d'enseignement... Plus ou moins consciemment !

"Bon », s'écria-t-il, « le mobile est pur ; il sera répondu à vos questions".

Évidemment, il ne peut pas en être autrement eu égard à la propagande de l'Organisation. Par ailleurs, en partant du principe de départ que la pureté habite l'auditeur, celle-ci lui est imposée par une suggestion irrésistible et selon des critères qui apparaîtront de plus en plus, au fil de l'entretien. L'auditeur est donc forcé d'obéir aux idées reçues auprès des intervenants autorisés, pour mériter... sa pureté, et leur reconnaissance.

Par conséquent, et selon la volonté des « contempteurs »,  les explications qui vont suivre seront à prendre au premier degré, comme paroles d'évangile et « orbi et orbi ». Autrement, l'auditeur ne sera plus pur... Évidemment !

Subtil conditionnement psychologique.

"Celui qui, essayant d'enseigner l'Advaïta, néglige de se servir des termes du sanscrit, se condamne déjà, par-là, à l'insuccès. Les mots sanscrits engendrent une vibration occulte qui se perd dans la traduction. Les termes occidentaux ne se prêtent pas à la description d'états de conscience subjectifs, leurs associations d'idées étant, pour la plupart, trop terrestres. » Il se tut un instant pour achever son lunch, puis ajouta : "Mon frère KOUT HOUMI a très justement dit que KRISHNAMURTI avait détruit les nombreux escaliers qui menaient à DIEU, tandis que le sien propre demeurait incomplet"...

La manipulation intellectuelle va jusqu'à inventer une relation privilégiée avec un être miraculeux, proposé existant, KOUT HOUMI, dont on sait la nature mythique. Aucun escalier ne mène à DIEU puisque la Réalisation du SOI n'a aucun chemin. Si elle en avait eu un, on l'aurait su et l'humanité connaîtrait un autre destin ; tous les Êtres vivants aussi. Quant aux vibrations sonores inhérentes au sanscrit, elles relèvent d'une science mathématique dite des mantras . Elles n'ont donc rien à voir avec un texte profane.

"Et il ne saurait nullement convenir à tous les types d'âmes humaines », ajouta mon Maître.

Après avoir affirmé, péremptoirement, que le chemin de KRISHNAMURTI était incomplet, l'orateur condamne sa vocation universelle.

"... donc incomplet », reprit Sir THOMAS, « suivant son idée, et ceci peut conduire ceux qui tentent de le gravir à des dangers inattendus. Danger numéro un : KRISHNAMURTI, ayant rejeté des définitions et classifications consacrées par le Temps, laisse ceux qui aspirent à la vie spirituelle sans aucune véritable échelle de valeurs. Danger numéro deux : gravir un chemin personnel nécessite une méditation presque constante, laquelle à son tour exige la constante protection d'un Guru. Or, le Guru n'est pas admis par KRISHNAMURTI », conclut-il, avec un malicieux clin d'œil.

La supposition que le chemin, emprunté par KRISHNAMURTI, est incomplet reste une formulation subjective qui, de ce fait, n'engage que la responsabilité de son auteur. Il s'agit d'une usurpation de compétence, appuyée hypocritement sur le fait d'en parler. Pas plus que discuter de DIEU ne rend compétent à cet égard.

Par ailleurs, la démarche de KRISHNAMURTI ne constitue pas un chemin particulier ; de par son universalité libératrice de tout dogme, elle ne s'avère que par son adaptation individuelle, en dehors de tout système, de toute tradition.

Le mot "danger" frappe l'imagination et réveille des peurs ancestrales. Une dimension sacrée est donnée au temps qui pérennise les traditions.  L'humanité est en marche et chaque étape de son évolution n'est que le moment historique, éphémère, de son passage terrestre ; après la bougie il y eut l'électricité, puis le nucléaire et l'informatique, la manipulation génétique. Demain ?

La quête de l'Homme est tendue vers un perpétuel devenir, sans nom ni chemin. Il n'y a donc pas besoin de Guru. Sauf, éventuellement et à l'image d'un catalyseur, la présence d'un Ami qui Éveille. KRISHNAMURTI en fut un.

"Mais », demandai-je, « la protection d'un Guru est-elle toujours nécessaire pour la méditation, je veux dire lorsqu'elle est pratiquée à petites doses ?»

A partir de quel moment la méditation n'est plus à petites doses ? Là aussi, la subjectivité voue au néant l'argutie de l'orateur.

"Naturellement, un degré modéré de méditation peut se pratiquer en toute sécurité sans Guru », répliqua MOREWARD HAIG. « Comme le dit Sir THOMAS, la méditation longuement prolongée mène à certains états de conscience et à des évasions sur d'autres plans qui rendent la direction d'un Maître absolument indispensable. Un autre défaut de ce pseudo Advaïta que prêche KRISHNAMURTI, c'est qu'il s'adresse à la personnalité (à l'Homme sur le plan physique) tout comme s'il était la monade ou, du moins, l'Ego. Sans doute que la Monade est la divine Étincelle, l'Existence, la Connaissance et la Félicité absolue ; par conséquent, elle est éternellement libre mais il ne s'ensuit pas que la personnalité, vivant ici-bas sous l'oppression de difficultés karmiques qui semblent ne devoir jamais finir, soit à même de partager cette Conscience absolue de la monade, ni même celle de l'Ego, qui constitue le lien entre la personnalité et la Monade. L'Advaïtisme de KRISHNAMURTI, qu'il ne faut pas confondre avec la forme reconnue de cette noble philosophie, ne peut, je le crains, mener ses adeptes nulle part, si ce n'est, peut-être, à l'hypocrisie et au manque de sincérité envers soi-même".

La méditation peut amener certains états comme l'apnée, ou bien l'arrêt cardiaque. Mais ces symptômes sont réversibles, naturellement. L'essentiel, en la circonstance, reste de suivre un régime végétarien, strict, selon la règle d'hygiène en la matière.

Le moi des passions est périssable. Il est le moule de la conscience, néanmoins ; sa forge au sein de l'existence. Les théories initiatiques s'adressent à l'Homme en sa globalité. Elles ne sauraient concerner le SOI (la Monade) dont l'accès ne possède aucun chemin... En regard d'un aimant, par exemple, le centre est neutre, jamais atteint que virtuellement. Si l'on coupe un aimant en deux, il y aura dédoublement et non partage. On ne peut pas séparer les deux pôles, ni isoler le centre. Si nous donnons le nom SOI aux centres des aimants, alors l'image de la Monade (le SOI) inaccessible, s'avère.

Le discours de KRISHNAMURTI s'adresse à l'être tout entier, considéré comme la matière première et son propre alchimiste, à la fois. Évacuant l'idée d'un intermédiaire, Guru, il ne retient que le catalyseur de la conscience.

« Et », approuva Sir THOMAS, « après les avoir incités à répudier tous les Maîtres, il se refuse, lui-même, à être leur Guru. Des enfants criant dans l'angoisse de la nuit spirituelle, et personne pour les réconforter. Celui qui pourrait leur venir en aide s'y refuse et nous, qui voudrions les secourir, nous sommes impuissants, car le Doute a empoisonné leur croyance en notre existence même. Rien d'étonnant que le visage de KOUT HOUMI soit un peu triste ! »

KRISHNAMURTI est honnête avec lui-même ; il ne sera pas le Guru de quiconque. Sa cohérence n'aura comme écho que son contraire chez ses détracteurs. L'angoisse existentielle est le propre de tous les Êtres. De nos jours, la médecine essaye d'y remédier à l'aide de tranquillisants et neuroleptiques. Certes, les somnifères de la religion ont vécu. Mais...

"Le lot des humains est de naître, vivre, procréer et mourir. Tant que l'on se contente de ce mode vie, tout va à peu prés bien. Mais dès que l'on se pose des questions sur le pourquoi des choses et de l'existence, alors advient l'angoisse existentielle et son cortège de maux. On découvre que la vie est comme un pendule qui oscille entre l'ennui et la souffrance ".

SCHOPENHAUER

« Je viens de chez moi. Je suis moi. Je retourne chez moi. »
 
Pierre DAC
 

"Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m'est-il permis d'espérer ?»

KANT

  
Aucune aide extérieure ne peut valablement résoudre la problématique de l'existence. Même, et surtout pas, KOUT HOUMI le personnage irréel de la légende.

Sir THOMAS se tourna vers son grand chien, le caressa et l'interpella : « Mon bon ami, si le Roi lui-même te disait que ton Maître t'est inutile, je suis sûr que tu ne le croirais point, hein ! »

Le chien est un animal à qui l'on a imposé la domestication et la tutelle. A l'origine, il a pu être loup ou chacal ; totalement libre. L'Homme n'était pas son Maître ; il devint son despote, son tyran qui le réduisit en esclavage pour s'en servir à l'instar des autres animaux de la planète, servables et corvéables à merci.

"Me pardonnerez-vous », dis-je à mon hôte, « si je reviens au sujet dont nous discutions ? »

"Quoi ? Encore des questions », répliqua-t-il avec une feinte sévérité ; « vous nous présenterez sous peu un dictionnaire. Eh bien, allez-y ! »

"Vous vous rappelez peut-être que je vous ai demandé si la mission de KRISHNAMURTI devait être considérée comme un complet échec " ?

"C'est juste. On peut dire qu'elle fut une réussite tant qu'il fut adombré par le Maître du Monde, mais plus tard, une faillite. Il fit de bon travail en enseignant aux gens à user de leur propre jugement et en leur faisant comprendre » (silence).

Là encore, on accuse KRISHNAMURTI de n'avoir pas obéi au Maître du Monde (Lequel ? Où ? ...).

Un tel Maître mondial devait posséder de piètres moyens pour diriger la planète si l'on retient l'histoire et l'exégèse.

"KRISHNAMURTI est venu pour briser le vieil ordre des choses, en prévision de l'ordre nouveau. Mais il a démoli beaucoup trop d'éléments du passé et il n'a rien préparé pour l'avenir . Néanmoins l'ordre ancien n'est plus et ne saurait être ressuscité. Le temps de l'aveugle obéissance à des chefs est également passé. Le salut ne saurait être obtenu par le seul culte rendu à des personnalités dont on accueille chacune des paroles comme un évangile ; car accepter n'est pas nécessairement comprendre. Même un Être aussi grand que BOUDDHA disait : « Ne croyez jamais une chose simplement parce que je vous la dis" !

Une concession est faite à KRISHNAMURTI, néanmoins, mais de manière indirecte. On reconnaît, implicitement, que le changement est la seule constante dans la vie planétaire. Mieux même, un coup de patte est donné à l'instinct grégaire par la dénonciation du rôle de chef, en matière de spiritualité. La royauté naquit du grégarisme qui dégage un dirigeant, par nécessité sociale.

La spiritualité s'adresse au SOI qui réside dans le plus grand secret de l'être. Et, là, aucun chef ne peut rien...

"On peut définir KRISHNAMURTI comme un précurseur dont ce Cycle particulier avait besoin, mais non pas comme le Maître du Monde. » Sir THOMAS ajouta : « Nous n'attendons pas le Maître du Monde avant la fin de ce siècle".

La concession à l'œuvre de KRISHNAMURTI, continue. Mais on s'empresse de préciser qu'il n'est que lui-même. Le meilleur et le plus grand hommage... Car, être soi-même n'est pas à la portée de n'importe qui !

"Mais pourquoi, même un précurseur..." ?

"Qui peut s'arroger le droit de juger quelqu'un sans connaître ses difficultés », interrompit Sir THOMAS ? « Toute qualité a forcément son revers. Ai-je besoin de vous demander si vous avez entendu PARSIFAL ? Non, car vous aimez, comme moi, passionnément la musique. KRISHNAMURTI a la noble simplicité d'un PARSIFAL : ayant atteint, lui-même, un certain état de conscience et d'évolution, il ne sait pas voir, dans sa modestie, que les autres sont très loin d'y être parvenus . C'est pourquoi il leur prescrit ce qui ne convient qu'à lui-même".

A l'audition de cette considération, on est en droit de s'interroger ; l'orateur condamne le jugement proféré à l'encontre de KRISHNAMURTI, alors qu'il vient de le juger, auparavant. Le pharisaïsme est de taille ; complètement éhonté. A moins que...

A moins que, pour clore le monologue, l'orateur agisse de façon à faire taire, par une objection préalable, toute tentative de péroraison future qui échapperait à son contrôle. Autrement dit, KRISHNAMURTI a été critiqué et apprécié par des "Maîtres" (sic) qui sont, seuls, compétents à cet égard. Les autres personnes qui oseraient prendre la relève, n'apprécieraient pas, aux yeux de ces mêmes "Maîtres" ; ils jugeraient...! Donc ils seraient condamnables.

Quelle admirable manière de clore les bouches !

PASCAL avait déjà anticipé sur KRISHNAMURTI et les pseudo Maîtres londoniens auraient mérité de le connaître ; car :

"En savoir plus long n'est pas en savoir plus, connaître le tout de la réponse. Or, on ne connaît le tout de la réponse quand il n'y a plus de question, mais cela n'arrive jamais car toute réponse soulève de nouvelles questions, sans parler du fait qu'il y a aussi entre les réponses un état de guerre qui fait que les unes s'opposent aux autres et personne ne peut trancher".

Dont acte !

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