jeudi 22 septembre 2011

Des égrégores et rites (3° partie)



DES ÉGREGORES



"Les Hommes sont le bétail des Dieux."
Adage indou


UNE ÉTRANGE HISTOIRE

Aussi insolite que le présent récit puisse paraître, il demeure véridique néanmoins si l’on en croit l’Académicien Alain DECAUX (propos relevés lors de l’émission Ex Libris à TF1, en 1995, citant un entretien antérieur, accordé par l’Historien, le 6 décembre 1989) :

"En 1853, l’écrivain Victor HUGO est exilé dans l’île de Jersey située au large de la côte bretonne ; il est âgé de 52 ans et arrive de Belgique, apaisé. Il est entouré de sa famille, ses amis ; à Paris, la mode est au spiritisme et aux tables tournantes. Victor HUGO est sceptique mais décide de faire un essai. Le premier jour, la table ne bouge pas et une commensale, Madame De GIRARDIN, dit : « C’est parce qu’elle est trop lourde ». Elle va acheter une petite table, un petit guéridon, un trépied. Deuxième jour, rien ; troisième jour, rien, quatrième jour, rien. Cinquième jour, c’est un dimanche, la table frémit."

"Une jeune fille répond, une jeune fille morte ; elle est heureuse, vit dans la lumière. Pour Victor HUGO, il n’y a aucun doute ; il s’agit de sa fille Léopoldine, morte, noyée il y a tout juste dix ans. Alors, là, Madame HUGO est en larmes, Victor HUGO a les larmes plein les yeux, tout le monde est bouleversé, tout le monde est sûr que Léopoldine HUGO, morte à Villequier, vient de revenir. Pendant deux ans, presque chaque jour, Victor HUGO et les siens vont s’asseoir autour de la table. Pendant deux ans, Victor HUGO va se consacrer à l’interrogation des esprits. Un coup pour A, deux coups pour B, trois coups pour C, il ne reste plus qu’à séparer les mots, les uns des autres ; tout est noté scrupuleusement."

"Tour à tour viennent s’asseoir, à sa table, les plus grandes personnalités de l’histoire, de MOLIERE à DANTE, en passant par Jésus CHRIST ; William SHAKESPEARE consent, même, à dicter un drame inédit. Victor HUGO en est convaincu : toutes les révélations dues à la table doivent lui permettre de fonder une nouvelle religion. Grâce aux esprits, il connaît, désormais, le secret de l’univers. Victor HUGO, dans un texte alors lucide, qu’il a noté en dehors de la table, dit très clairement :"

 « J’avais tout cela, non formé complètement, j’avais tout cela dans l’esprit à l’état d’hypothèses ; je me posais des questions. La table et tous ceux qui viennent à moi, me confirment et m’apportent le prolongement de ces suppositions ».

"En 1855, Victor HUGO est, à nouveau, expulsé ; c’est le départ pour l’île de Guernesey et, là, plus de table mais des apparitions. « Je ne me couche jamais », écrit Victor HUGO, « sans une certaine terreur ». Il se réveille la nuit, entend des pas, des craquements, des coups frappés au mur, ou même des chants. Où qu’il aille, il sera accompagné de ses apparitions ; elles le poursuivront jusqu’à sa mort." (Fin de citation).

Certes Victor HUGO qui n’est pas n’importe qui ; mais ce récit remonte au 18° siècle ! A l’époque, il eut pu terminer son existence dans un asile psychiatrique et, de nos jours, un spirite qui relaterait ce genre d’expérience serait vraisemblablement interné pour psychose grave !

Est-ce sujet à caution ? Signe de démence ? Ou bien, y a t-il une réalité non pathologique, non subjective ?

Tout ce branle-bas dura jusqu’à la mort de Victor HUGO car sa médiumnité, éveillée, devint anarchique et dictatoriale. N’est-ce pas à comparer avec les hantises chères au Curé d’Ars (Ain) qui se colletait avec sa libido et qu’il appelait le « Grappin » ?

L’AFFAIRE DU CURÉ D’ARS.
 
Ars est un petit village situé dans le département de l’Ain, à une trentaine de kilomètres de Lyon (Rhône), à vol d’oiseau. D’origine essentiellement rurale, son destin fut considérablement modifié par l’arrivée d’un Curé Jean Marie Baptiste VIANNEY, il y a plus d’un siècle. Voyons de plus près son cursus.

Issu d’une famille d’agriculteurs, il naquit le 8 mai 1786 à Dardilly (Rhône) et mourut le 4 août 1859 à Ars sur Formans (Ain). En 1806 le curé d’Écully (Rhône), M. BALLAY, ouvrait un petit séminaire où Jean-Marie Baptiste VIANNEY fut scolarisé. Il était un élève médiocre, surtout parce qu'il avait commencé à étudier très tard. Il éprouvait de grandes difficultés, et ses connaissances se limitaient à un peu d’arithmétique, d’histoire et de géographie. L’étude du latin était, pour lui, un supplice bien qu’il fût aidé par son condisciple Mathias LORAS, futur premier évêque missionnaire de Dubuque (Amérique), qui lui donnait quelques leçons. Ses maîtres cependant, voyant sa piété, ne doutaient pas de sa vocation à laquelle ils l’incitaient. A l’époque, une telle fonction était un ascenseur social non méprisable.

La guerre d’Espagne réclamait alors beaucoup de soldats ; il fut donc recruté en 1809. A la suite d’une maladie, il éprouva des difficultés à rejoindre son régiment, s'égara et, pour ne pas être puni comme déserteur, accepta la proposition d'un paysan de le cacher sous un faux nom, comme instituteur dans son village ; puis, son jeune frère ayant accepté de servir à sa place, il put regagner le petit séminaire. Il n'entendait rien à la philosophie du fait qu'elle s'enseignait en latin mais son évêque, connaissant sa piété, finit par l’ordonner prêtre en 1815 à Grenoble (Isère).

Il fut alors envoyé à Écully (Rhône) comme vicaire de M. BALLEY puis, après la mort de celui-ci, comme curé en 1818 à Ars (Ain), village des Dombes (de très nombreuses flaques d'eau suintent du sous sol, sur la terre, en cette région très humide), qui comptait environ 200 habitants. Il y servit pendant 41 ans, jusqu’à sa mort.

Jean-Marie Baptiste VIANNEY, fraîchement émoulu du séminaire, compensait une certaine carence intellectuelle par une foi fanatique. Croyant sans faille en la souveraineté religieuse de l’Église Catholique et Romaine, le Curé d'Ars s’investit dans une mission de conversion et repentance primaire, qu’il s’imposa avec une dureté ascétique, quasi implacable. Écoutons Monseigneur Henri CONVERT :

« Il serait difficile de dire à quel point le Curé d’Ars aimait les pauvres pécheurs. Que faisait-il, les premières années, à genoux devant le Saint Sacrement, immobile, prosterné sur le pavé du sanctuaire, dès quatre heures du matin ? Il priait pour eux et s’offrait en sacrifice pour leur conversion. Ce fut, pendant plusieurs années, son occupation presque unique ; il y consacrait huit heures par jour. Il créa ainsi ce courant de grâces extraordinaires qui allaient les chercher et les amenaient à Ars comme malgré eux. »

"Le Saint Curé d’Ars et le sacrement de pénitence"

Éditions SAINT REMI
B. P. 79 – F-33410 CADILLAC

Certes, Monseigneur Henri CONVERT omit l’essentiel que ne manqua point de relever l’Abbé TROCHU dans son histoire du Curé d’Ars, en la première édition qui fut, ensuite, expurgée ! En l’occurrence, le saint Curé procédait à des flagellations meurtrissantes et sanglantes, sur son propre corps émacié par les jeûnes, à l’aide d’un cilice confectionné de ses propres mains ; cet instrument de supplice était constitué de ficelle de chanvre tressé, à l’intérieur de laquelle il avait patiemment introduit des pointes de tapissier. Lorsque la tentation sexuelle, naturelle, manifestait un fonctionnement hormonal, normal en lui, il se saisissait alors de la discipline et, d’un bras vengeur de la sainteté outragée, il se fouettait jusqu’au sang. L’hémoglobine ruisselait et giclait sur les murs ; à côté de son lit, on pouvait encore discerner la trace d’une main sanguinolente. A ses commensaux, qui s’inquiétaient du tumulte que ne manquaient pas de provoquer ses sévices corporels, nuitamment, le Curé d’Ars révélait :

« C’est le démon, le Grappin, qui est encore venu me tenter, cette nuit, et cœtera. »

Il y a soixante ans, il était encore possible de contempler le matériel de torture, maculé de sang coagulé, exposé dans une vitrine abritant les vestiges de cette époque fantastique. Aujourd’hui, il a disparu ! En effet, ce lieu est devenu le Centre d’un pèlerinage fructueux pour le petit commerce et la Commune ; il fallut donc procéder à l’aseptisation de l’histoire afin de ne pas effaroucher les Mystiques. A de petites causes, grands effets !

Avec l’avènement de la psychiatrie, la suspicion d’une maladie mentale est vraisemblable, en la circonstance. Parallèlement, il y a l’aspect ésotérique à ne pas négliger.

L’ascèse effroyable, que suivit et poursuivit le Curé d’Ars, s’inscrit dans un ensemble de techniques dites de méditation avec attribut, en Orient. Le même système est utilisé dans ce qui est communément nommé l’Hésychasme chez les moines du Mont Athos. Au bout d’un certain temps, variable selon les individus, des pouvoirs paranormaux et d’ordre psychique adviennent ; ils s’insèrent dans une dérive hypnotique. Le magnétisme du Curé d’Ars, exacerbé par ses pratiques ascétiques, rayonnait largement au-delà du village lui-même ; phénomène qui pouvait expliquer l’assertion de Monseigneur CONVERT, lorsqu’il parlait d’un « courant de grâces extraordinaires ».

En ce contexte, l’adage « la foi soulève des montagnes » s’avère. Pire même, elle peut matérialiser les forces cataclysmiques de notre propre inconscient et que l’iconographie démoniaque traduisit par le vocable « démons ».
 
A la lumière de ces références, comment expliquer les phénomènes dits paranormaux ?


a) Les rituels sacrificiels, cités dans les écrits vétéro testamentaires,comprenaient le massacre de milliers de têtes de bétail dont le sang imprégnait tous les objets cultuels, jusqu’au voile du Saint des Saints. Les Clavicules de Salomon, qui constituent le bréviaire des magiciens, comportent l’exécution de colombes pour les rites magiques. Le sang, véhicule de l’énergie vitale, fut donc utilisé pour animer des entités appelées lors des cérémonies.

b) Les litanies sont comme des clefs mettant en relation avec ce que la tradition appelle des égrégores. A ce sujet il importe de rappeler quelques règles ancestrales.


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