samedi 10 septembre 2011

La Franc-Maçonnerie de Memphis Misraïm sans bandelettes (1° partie)



La Franc-Maçonnerie de Memphis Misraïm sans bandelettes.



Par Edmond FIESCHI
Hari Hara Ananda


PROLÉGOMÈNES


« Rien de plus beau, de plus parfait que l'urne du feu sacré...
Puisque comprendre, c'est contenir...; que connaître, c'est aimer ».

Parole du Sage


A la Gloire du Grand Architecte de l'Univers.
  

Mes Frères, mes Sœurs, en vos grades et qualités et vous tous, ici présents, et sans lesquels cette réunion digne n'aurait su se dérouler. Merci à vous tous d’être présents, dans la Tolérance, le Respect et l’Amour. Afin que cette solennité soit porteuse d’exemples et de vertus pour l’Éveil des Consciences, au sein d’un monde barbare, illogique et irresponsable qui ne saurait être sauvé, si tant est qu’il le faille, que par une maturation rapide, urgente des Consciences ; nécessité absolue si nous voulons bâtir un monde plus fraternel, plus équitable, voire plus intelligent, tout simplement. Dans le cadre de la mondialisation, avant de parler d’une Europe des États, d’une planète terre des pays, il conviendra de penser à l’indispensable Monde des Consciences. Autrement ce serait mettre la charrue devant les bœufs.
  

Aujourd'hui, je viens donc à la rencontre de nos Frères et Sœurs qui sont avides de l’Amour, de la Connaissance et de la Vérité. A ce propos qu’il me soit permis, en préambule, de citer l’Islam :

Dans un Hadith sacré (Tradition), Dieu dit au Prophète Mohammed :
  

« Quiconque Me cherche, Me trouvera. Quiconque Me trouve, Me connaîtra. Quiconque Me connaît, M'aimera. Quiconque M'aime, aura un grand Amour ('Eshq) pour Moi. Quiconque a un grand Amour ('Eshq) pour Moi, je l'aimerai. Quiconque J'aime, je le tuerai et quiconque Je tue, Je paierai pour son sang. Je suis, Moi-même, le prix pour son sang ».
  

Qu'est-ce que donc que l'Amour ?
  

Selon le Shaykh Mir Husaini Hirawi, « c'est un plongeur dans l'Océan de l'absolu, son navire est l'Esprit ». Mawlana Djalad-Od-Din Roumi dit ceci de l'Amour :

"C'est comme la plume qui était occupée à écrire et qui se réduit en morceaux quand elle arrive à l'Amour".

L’Amour, en effet, est la plus grande Puissance de l’Univers. Cette considération sera donc en filigrane permanent de mon allocution. Sans la lumière du cœur, l’intelligence est inféconde, orpheline et l’adage bantou se justifie :

« La Raison, sans l’Amour universel, est comme un torrent desséché ; inutile. L’Amour universel, sans la Raison, est comme un torrent qui déborde et dévaste tout ; une vraie calamité. »

Cette nécessité se résume en un vocable bien connu en Franc-Maçonnerie : Gnose ; il signifie l’union de l’Amour à la Connaissance. La Gnose est la clef intérieure qui ouvre l’Être à l’Universel. Tous les Francs-Maçons sont concernés et la lettre « G », située au centre de l’Étoile flamboyante, le leur rappelle.

La Franc-Maçonnerie recrute, en son sein, des Maçons ; c'est à dire des Constructeurs. Afin d'éclairer cette formule, un conte symbolique à plusieurs sens s'impose :

Un jour, assis sur un cheval, un Monseigneur HYPER EGO galopait le long d'un chemin poussiéreux, quelque part dans un pays sans nom mais que tout le monde connaît. Voyant un Homme assis à terre, frappant une pierre à coups de marteau et de ciseau, il lui demanda :

« Que faites-vous mon brave ? »
« Je travaille » lui répondit-il ! »
 

Le Monseigneur HYPER EGO continua sa cavalcade et aperçut, quelques mètres plus loin, un second qui frappait fortement sur une grosse pierre à coups de marteau et de ciseau et qu’il jaugeait à l’aide d’une équerre.

« Que faites-vous, mon brave ? » interrogea-t-il.
« Je construis la maison du Maître d’Oeuvre», répondit-il.

Continuant sa route, le Monseigneur HYPER EGO rencontra un troisième Homme qui taillait avec ardeur une énorme pierre et l’évaluait avec les mêmes outils, plus un compas.

« Que faites-vous, mon brave », questionna-t-il?

« Je construis une cathédrale de l’Âme », confia-t-il ! Et il ajouta : « elle sera d’Équerre et de Compas. »

Ce conte s'articule autour du Monseigneur HYPER EGO et de trois volets :

a) Le titre Monseigneur indique une personnalité occupant un rang supérieur sur l'échelle sociale ; le super Ego a, toujours, besoin d’autorité. Du haut d'un cheval, il arpente un pays en s'octroyant le rôle d'interpeller des gens sur son parcours et avec superbe. Par analogie, il s'agit de l’Ego, en 1'occurrence hypertrophié, et qui domine tout ; l’Orgueil. Le cheval désigne l'instinct qui le porte et peut servir le pire comme le meilleur, chez l’Homme.

b) Le premier ouvrier (l’Apprenti) occupe une trilogie. Il déclare simplement travailler. On ne sait pas pourquoi, ni pour qui, mais son labeur est essentiel pour lui ; il se parfait en travaillant et cela aurait pu être n'importe quelle tâche à cet effet ; sa démarche s'apparente à de l’art. Tout travail est intérieur et extérieur à la fois puisqu’il nous grandit, qu’il est Ascèse. Il s'agit, au sens indien du terme, de « Karma Yoga ». Par analogie, nous avons le plan inférieur de la psyché, au travail.

c) Le second ouvrier (le Compagnon) concède construire un édifice pour autrui. Par conséquent, son travail est aussi utile pour quelqu'un d'autre que lui. Il s'agit d'un rôle social. Mais la notion de hiérarchie sociale est avérée ; il ne travaille pas pour n'importe qui, mais pour un Aristocrate du Cœur et de la Pensée et non pas un succédané matérialiste. Par correspondance, nous avons le plan médian de la psyché, l'amour, qui porte à bannir l'Ego au profit d'une autre manifestation de la conscience : le travail social. L’Ego n’est plus sans égal et tous les Ego ont des égaux ; découverte importante.

d) Le troisième ouvrier (le Maître d’œuvre – le Bâtisseur) assure édifier une cathédrale. Là, il s'agit de la Connaissance (Jnana en hindi) qu’éclaire l'Amour (Bhakti en hindi). Par symbolisme nous avons l'étage supérieur de la psyché. En l'occurrence, on peut aussi comprendre la construction de la Cathédrale intérieure de 1'âme.

Avec un même outil et la même matière on peut faire divers travaux, tous différents, qualitativement et quantitativement, selon l'évolution de l'Être. Tous ont leur valeur et aucun est supérieur à l'autre. Chacun est prêt à son heure et qui fait l'ange fait la bête !

Si nous résumions, l'explication globale, symbolique, serait la suivante :

« L’Ego, chevauchant l'instinct de la vie, s'épure par le travail qui est utile pour soi-même, les autres et l’Universel. Car tout est travail, même la méditation, même le non-dessein, le non agir ! L’apparition et 1'Éveil exponentiel de la Conscience sont le Travail ».

Cette allégorie explicitera les motivations de la Maçonnerie, en théorie. Car l'Homme étant imparfait, mais perfectible, les structures et organisations sont de véritables auberges espagnoles où l'on trouve ce que l'on y apporte ! A l'image des églises, temples, organisations, partis politiques, syndicats, et cœtera, les Hommes sont confrontés, sans cesse, à la contradiction entre l'idée, si belle soit-elle, et la faculté à la réaliser. Ce constat est positif ; si nous partons du principe que toutes les idéologies se considèrent, faussement d'ailleurs, comme détentrices de la vérité, il est souhaitable que des théories politiques, par exemple, rencontre des oppositions ; tout comme les Religions et toutes les Idées, tous les Concepts. Ainsi que le constatait le Grand Charles PEGUY : « Il faut, toujours, casser les idées ». Il faut, constamment, un contre pouvoir car la Vérité n'est l'apanage d'aucune institution, d'aucun Homme. Par conséquent, l'ombre est aussi importante que la lumière et l'image du beaucéant, en Loge maçonnique, est explicite en l'occurrence ! La Contradiction est nécessaire, voire indispensable, dans tous les domaines de l'existence ! Autrement aucune avancée ne serait possible.

La Franc-Maçonnerie utilise trois outils fondamentaux :

a) le Compas (l’Esprit).
b) L'Équerre (la Matière, l'instinct).
c) La Règle (le Social, la morale, l'amour).

En principe, l'Apprenti maçon relève du symbolisme du compas couvert par l'équerre et la règle, signifiant ainsi qu'il est encore dans les ténèbres matérielles et que son intelligence n'est pas ouverte à la lumière de la connaissance (laquelle ?). Celle de la Franc-Maçonnerie universelle ? Pas toujours si l’on tient compte de l’existence d’obédiences maçonniques n’obéissant pas à la déontologie traditionnelle comme, par exemple, la sinistre Loge P2 proche du Vatican.

Le Compagnon connaît le compas dont une branche couvre l'équerre ; lui-même revêtu de la règle. Théoriquement, le Maçon de ce grade commence à maîtriser son instinct, son moi égoïste et passionnel, que l’illustre PASCAL considérait haïssable.

Le Maître sait, théoriquement, contrôler totalement son instinct par l'esprit et la règle morale ; le symbolisme du compas couvrant totalement l'équerre, lui-même par la règle, le lui rappelle. L’Esprit, le cerveau, gouverne le bas-ventre et non plus l’inverse ; comme nous le rappellera, sans cesse, l’Arcana Arcanorum de Memphis Misraïm.

Toutefois, dans certaines obédiences, ces notions sont différentes. Ainsi, la Règle peut définir un Code de droit et de devoirs, très spécifiques d'une obédience. Quand il s'agit de Loges Maçonniques, sectaires, ce Code peut s'apparenter à un Code pénal !

Les mots sont comme des clous qui ne deviennent signifiants que par les tableaux qui s'y accrochent. Autrement dit, il convient de se garder des discours et prétentions illusoires derrière le chatoiement hypnotique des sentences. L'Être humain est comme les mouches que l'on attrape avec du miel ; il est manipulable par le verbe et les promesses ! Autrefois, on disait le « baratin ».

La Franc-Maçonnerie, dite spiritualiste, prône l'idée du Grand Architecte de l'Univers; son homologue, dite athée, n'enseigne pas cette notion dont la connotation mystique dérange quelque peu.

Selon le dictionnaire LAROUSSE, nous lisons au mot mysticisme :

« Du latin mysticus, relatif aux mystères. Doctrine philosophique et religieuse d'après laquelle la perfection consiste en une sorte de contemplation qui va jusqu'à l'extase et unit l’Homme à la divinité. Par extension, toute croyance aux interventions surnaturelles ».

Cette explication nous paraît trop sommaire pour la retenir en son intégralité. Les progrès en psychologie permettent une autre approche de la notion mystique. Plus largement, il est essentiellement retenu l'opposition du rationalisme à l'imaginaire à travers des démarches maçonniques ou simplement profanes et qui cohabitent plus ou moins agréablement. Ainsi, pour la psychiatrie, le délire mystique est caractéristique du phénomène religieux et des attitudes en rupture avec le réel, le concret et l'objectif. Certes, on n'enfermera pas un Chrétien croyant en la présence du CHRIST dans l'hostie, tant qu'il ne fera pas de scandale sur la voie publique par un prosélytisme déplacé. Cependant un individu qui s'amuserait à se promener, les bras en croix dans la rue en haranguant les passants sur des idées mystiques, risquerait à tout coup l'internement psychiatrique, d'office. Quant aux politiques scélérates et à ses suppôts, la psychiatrie reste encore muette à ce sujet. Ce constat aboutit à des interrogations quasi dangereuses.

Entre une Maçonnerie rationaliste, agnostique, et d'autres spiritualistes, laquelle a le droit, sur le plan de l'hygiène mentale, légale, à l'existence tranquille ? L'expérience mystique est-elle un objectif de l'évolution humaine ? Cette question est posée à la lumière des critiques qui, sans cesse, frappent l'obédience spiritualiste de Memphis Misraïm, et dont la moindre est l'épithète « para maçonnique », à laquelle s'ajoute le reproche d'occultisme. Certes, il est vrai que presque tous les hauts dignitaires du Rite dit Égyptien réunirent, à la fois :

a) L’Épiscopat gnostique (confer : GNOSE et GNOSTICISME par Edmond FIESCHI - Éditions A.C.V. à Lyon (Rhône).
b) Le Réaux Croix de Martinez de PASQUALLY plus le Martinisme.
c) Le 95° de Memphis-Misraïm.

Cette quasi « orthodoxie » est valable depuis PAPUS (alias Docteur Gérard ENCAUSSE) et s'est maintenue jusqu'à feu Robert AMBELAIN (Grand Maître mondial de l'Ordre de Memphis-Misraïm). A cela il convient d'ajouter la Rose croix d'Orient de Georges de BOGE de LAGREZE et le 66° degré, parallèle à la hiérarchie purement administrative. Est-ce à dire qu'il s'agit de délire mythomaniaque, comme s'interroge René WITHZARD en son opuscule : « Un siècle de maçonnerie égyptienne - Éditions A. C. V. à Lyon (Rhône) » :

« Car comment restituer sa dignité à une maçonnerie où se retrouvèrent tourneurs de guéridon et cartomanciennes fin de siècle, ou à l'inverse comment accorder créance à l'occultisme et ne pas basculer dans l'irrationalité et la superstition sectaire que la rigueur maçonnique récuse avec raison ? »

Les progrès, en matière parapsychologique, dans les laboratoires secrets de Services spéciaux, démontrent que les 8/10ème du cerveau, endormis, recèlent des facultés paranormales. Et, à moins d'être un expérimentateur avéré en ce même domaine, il n'est pas valablement possible d'en disserter. Un Victor HUGO fut un praticien de la « table tournante », sans que son esprit eut mal tourné néanmoins ! Ce ne sont pas les miroirs fêlés qui portent malheur mais les cerveaux qui le sont. En outre, les égrégores sont une réalité.

Le Rite de MISRAÏM serait né vers 1740, en Italie. Sous les coups d'une impitoyable persécution autrichienne, en Italie, ce rite émigra en France. Étienne MARCONIS de NEGRE, vers 1815/1838, crée sur cette base un autre Rite de MEMPHIS comportant, outre les substrats occultistes, des données templières. YARKER réunit les deux Rites en 1872 et remet à GARIBALDI la haute direction du nouveau Rite en 1881. PAPUS (fondateur du Martinisme) en prendra la tête vers 1908 ; à sa suite se succéderont TEDER (alias DETRE - Martiniste), Jean BRICAUD (Évêque gnostique, Réaux croix et Martiniste), Constant CHEVILLON (idem), Henry DUPONT, Robert AMBELAIN (idem).

A l'orée du troisième millénaire, le Rite de Memphis Misraïm connaît des soubresauts évolutifs pour s'adapter aux nécessités du monde moderne. Face à la mondialisation, la Franc-Maçonnerie n'est pas étrangère à l'Humain et à l'humanisme.

L'observation de notre monde aboutit à un constat : l'évolution a été et reste lente ; elle se traduit essentiellement par la souffrance à l'égard du milieu qui n'est pas toujours porteur. Ce n'est qu'après avoir approfondi la compréhension de la nature humaine, tant sous ses aspects scientifiques que spirituels, que l'on appréhende la mystique comme une composante, non pathologique, de la psyché dans la mesure où elle se dégage de la notion de secte et ne comporte aucun danger pour soi même et l'environnement. L'intégration de l'intuition mystique, créative, peut permettre la découverte d'une spiritualité dégagée des dogmes religieux, donc d'une pathologie, et qui constituent de faux savoirs.
La spiritualité la plus saine est non dualiste, bien que duelle ; celle de la sagesse indienne par exemple. En somme tout ce qui coupe la relation intime, avec notre Être profond, est pathologique et, à ce titre, certaines organisations spirituelles peuvent devenir un danger d'ordre sectaire si l'on n'y prend pas garde. Là encore tout est question d'Hommes... Les valeurs qui entravent l'épanouissement intérieur de l'Homme, de chaque Être, en toute liberté intérieure sont à éradiquer car elles sont fausses !

La notion de relation au divin est plus propre au mysticisme qu'à la science proprement dite. Ce n'est que si les épreuves de la vie amènent à toucher au plus profond de soi-même que la raison flirte avec la spiritualité et la mystique. Au fond, la spiritualité ne pourrait bien être que le rapport symbolique de l'Être avec l'Universel, à travers une recherche qui, sous certains apparences pathologiques, c'est-à-dire en rupture avec le réel, le concret, inaugurent une étape évolutive, d'abord abstraite ; l'imaginaire se tendant vers ce qui est absent en une espérance surréelle. Par analogie, les grands penseurs indiens, qui inventèrent le zéro, purent passer pour des malades mentaux, à priori ; mais ce chiffre conduisit à l'invention de l'algèbre et aux mathématiques modernes.

La notion du zéro, le néant, le rien, intervint grâce au silence mental et à l'activation de certaines zones endormies du cerveau. Dans le silence de la méditation profonde, l'Homme échappe à son milieu et vogue vers des océans de l'infini.

Quand il revient à l'état normal, son système cérébro-spinal élabore des concepts afin de rationaliser des expériences ressenties hors temps et espace; ainsi le zéro fut symbolisé par le cercle qui résume l'absence, ou plus précisément la « présence à l'absence ».

En effet, concevoir « rien » revient à en être conscient ! Revenu sur « terre », le méditant redevint le sujet de son nouveau concept devenu objet; il le rendit alors signifiant ! A preuve ? Le zéro n'a de valeur que par rapport à un signe (le un, le deux, et cœtera), le méditant à l'origine. De l'abstraction la plus totale on passa au concret, par adaptation mentale. Par conséquent, une nouvelle conception de la spiritualité s'impose, de nos jours.

Héraclite avait dit : « On ne se baigne jamais dans la même eau du fleuve ». Autrement dit, et en corollaire, ce n'est jamais le même baigneur qui se coule dans l'eau du gave. Cette évidence ruine, à jamais, tout intégrisme, tout fanatisme, toute cristallisation du savoir. Les traditions, initiatiques, maçonniques, et cœtera, constituent des moments historiques de l'Évolution universelle.

Vouées à la disparition, elles seront remplacées par d'autres « vérités », tout aussi mortelles, qui jalonneront l'immense Illusion des mondes sensoriels. Ces constats mènent au refus de toute pétrification de la pensée à travers des enseignements spirituels, mystiques ou athées et agnostiques, fossilisés, sous l'égide de Maîtres, grands ou petits, qui peuvent entraver la liberté et l'autonomie. Ainsi, les obédiences initiatiques ont et auront un vaste problème à résoudre devant l'avenir en ce contexte. Aussi se trouvera posée, notamment, la question des hauts grades dans la Franc-Maçonnerie de MEMPHIS-MISRAÏM à la lumière de ce qui précède.

Lorsque le SOUVERAIN SANCTUAIRE publia, en 1938, la CONSTITUTION et les Règlements Généraux de MEMPHIS-MISRAÏM, sous la plume de Constant CHEVILLON (33ème, 90ème, et 96ème), du S G M Général, Henri DUPONT (33°, 90° et 95°) et Grand Administrateur ; du Grand Chancelier, R. FRUCTUS (33°, 90° et 95°), ceux-ci avaient été débattus en Loge le 21 janvier 1929. A cette époque Jean BRICAUD était Grand Maître Général (33°, 90° et 95°).

D'après le texte de cette CONSTITUTION, plusieurs éléments fondamentaux s'avérèrent :
 
a) L'Ordre Maçonnique est partagé en différents Rites qui, bien que divers, tendent tous vers le même but.
b) Le Rite de Memphis-Misraïm respecte l’indépendance des autres rites et entend que la réciproque agisse à son égard.

L'échelle maçonnique du rite de Memphis-Misraïm a 95 degrés, divisés en quatre vingt dix degrés d'instruction et cinq degrés officiels. Il existe en plus un 96° degré réservé aux Grands Maîtres Généraux et un 97° degré, apanage du Souverain Grand Hiérophante du Rite.

Les degrés d'instruction conférés par le rite sont divisés en trois séries qui constituent :

a) Du 1er au 3ème degré, la maçonnerie symbolique (loge bleue).
b) Du 4ème au 33ème degré, la maçonnerie philosophique.
c) Du 34ème au 90ème degré, la maçonnerie hermétique ou occulte.

La maçonnerie symbolique étudie la morale, donne une explication du symbolisme et dispose les commençants à la recherche philosophique.

La maçonnerie philosophique enseigne la mesure de l'histoire ainsi que les mythes et politiques de l'antiquité. Son objet est de pousser à la recherche des causes et des origines.

La maçonnerie hermétique s'occupe de haute philosophie, étudie les mythes religieux des différents âges de l'humanité et admet le travail philosophique occulte le plus avancé et le plus sublime. Il n'y a donc aucune barrière idéologique, à priori, à l'étude exégétique.

Par conséquent, il est clair qu'un Maçon authentique doit réunir les qualités de tolérance fraternelle et de curiosité intellectuelle la plus aiguisée. Les divers corps institutionnalisés s'articulent tout autour de cette nécessité ainsi résumée :

« Les Maçons ont pour mission de s'efforcer, avec l'aide des connaissances gnostiques, hermétiques, ésotériques, scientifiques, philosophiques d'établir une fraternelle harmonie qui sera bénéfique, non seulement pour l'Ordre, mais pour l'humanité entière. »

Lourde responsabilité, surtout quand on sait qu'il y a souvent une contradiction entre l'idée, si belle soit-elle, et la faculté à la réaliser ! Et ce sera ce constat qui gouvernera notre analyse, tout le long de notre présent ouvrage. Nous incitant ainsi à la plus grande humilité.

L'Ego peut s'enflammer facilement à l'idée d'une supériorité hiérarchique, alléguée, dont la conséquence négative peut être constituée par une maladie bien connue : la « cordonnite ». L'état de conscience des Maçons les préoccupe des exigences de leur mission ; car ce sont des Hommes de conviction confrontés au temps qui passe.

Aucune Religion n'est supérieure à la vérité et la pire des vérités vaut mieux que le meilleur des mensonges, même par omission ou limitation. Ce n'est pas respecter l'intégrité d'autrui que de lui mentir ! D'autant plus que la Vie est terriblement courte et que nul n'a le droit de « diriger », « gouverner », les consciences à travers une forme d’hypnose tout en exigeant, d’autrui, plus de vertus que l’on n’est capable d’en démontrer l’exercice personnel. Les soit disant « Meneurs d'Hommes » auraient meilleure tâche à faire en se libérant eux-mêmes de leurs propres illusions égotiques. Mais le problème est bien plus vaste.

Les Humains sont des êtres perfectibles. Aussi, et avant d'être tenté par une trop grande sévérité à leur encontre, et qu'auraient expliqué les contradictions qui s'avéreront plus loin, il faut retenir la grandeur et la misère, humaines, sur la terre. Nous sommes tous des « Cherchants », des « Souffrants » et des « Persévérants », avec nos faiblesses et nos forces aussi ; mais toujours animés par une pulsion cosmique qui, échappant à la plupart des humains, existe néanmoins : l'Évolution Universelle de la Conscience. Ce constat ne peut être valable qu'à la condition de ne pas s'enfermer dans un formalisme, facile ; à la différence du « cochon blême », cher à BOUDDHA, et qui refusait de comprendre, retenons ce que pensait le grand PASCAL :

« En savoir plus long n'est pas en savoir plus, connaître le tout de la réponse. Or, on ne connaît le tout de la réponse quand il n’y a plus de question, mais cela n'arrive jamais car toute réponse soulève de nouvelles questions, sans parler du fait qu 'il y a aussi entre les réponses un état de guerre qui fait que les unes s'opposent aux autres et personne ne peut trancher ».

Et pour cause ; à condition d'en être conscient. Car la plus terrible épreuve que l’Homme connaît, sur notre Mère la Terre, est l’Ignorance. La vie, notre existence sont d’une redoutable pédagogie : elles nous soumettent, d’abord à l’épreuve, à l’examen, et ne nous apprennent la leçon qu’après. Exactement comme si l’on devait subir les épreuves d’un Doctorat en médecine sans être passé par l’Université au préalable. Terrible condition que celle du Vivant ! Dantesque. La condition humaine nous impose d’être conscient, en permanence, de la Responsabilité de nos actes, pensées et sentiments ; c’est le tribut à payer pour l’Évolution et la Réalisation de la Conscience du SOI. Évoluer c’est être responsable de manière exponentielle, devant le pire des gendarmes qui ait pu exister : notre Conscience profonde d’Être face à la possibilité de détruire, pour détruire, par inconscience des réalités contingentes et de la Réalité exponentielle. Il n’y a pire juge que soi-même. Personne n’y échappe. Du plus petit au plus grands des Êtres. Nous n’avons pas ce que nous méritons ; nous avons ce qui nous ressemble. Un Franc-Maçon véritable doit se le rappeler, sans cesse, à chaque minute d’éveil en un contrôle permanent de son comportement dans la vie sociale et individuelle. Ainsi qu’aimait à le confier le grand Psychanalyste LACAN :

« C’est, souvent, au nom du bien que le Mal est fait car, derrière l’Ego, se cachent souvent de troubles et obscurs desseins ».

Tel, croyant servir une idée du Bien, cherche inconsciemment à satisfaire son Ego, qu’il veut sans égaux. Par orgueil ou vanité, on peut chercher le succès de ses idées plutôt que de ne pas faire de mal. Car, il est beaucoup plus aisé de faire ce que l’on croit « bien », que de ne pas faire de mal ! Chaque acte a des répercussions insoupçonnées ; positives et négatives. D’où la nécessité de débattre à plusieurs avant de prendre une décision ; quelle qu’elle soit ! C’est l’enjeu de la démocratie. Personne n’est détenteur de la Vérité. Tout le monde y participe.

En ce contexte, la Franc-Maçonnerie moderne est comme un ressac vers le futur dont il nous appartient d’être contemporain, c’est à dire acteur. Le triomphe de la raison s’inscrira dans la logique de la Maçonnerie Universelle dont les initiateurs nous avaient légué leurs principes dès le commencement, et au sein de laquelle l'obédience de Memphis Misraïm est partie intégrante, par nature. Principe de l’élémentaire tolérance puisque l'unité est dans la complémentarité et non pas dans l’uniformité.

Mais quelles sont les origines de la Franc-Maçonnerie, en dehors des thèses qui abondent, évidemment, mais dont la crédibilité varie en fonction de leurs auteurs ?


"Initiations à la lumière d'Orient" (Etude sur la Gnose interdite) par Edmond FIESCHI, publié aux Editions A.C.V. à Lyon (Rhône) - France.


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