dimanche 11 septembre 2011

La Franc-Maçonnerie de Memphis Misraïm sans bandelettes (4° partie)

III - VERS UN NOUVEL HUMANISME


Le travail du Maçon est clair. Il s'agit de construire le temple à l'intérieur de soi afin de projeter les vertus, les forces positives, ainsi actualisées, sur la société. Mais une question se pose aussitôt. A-t-on déjà connu de véritables Maîtres qui eussent pu répondre à cette nécessité ?


Pourquoi donc, de nos jours, sont-ils si rares ?


D'aucuns ont posé l'interrogation de savoir pourquoi la symbolique maçonnique et les rituels y afférents n'ont point produit, à plus ample informé, quantité de Maîtres Véritables, autrement dit des humains porteurs permanents de l'exemple des vertus prônées, sur le plan concret de la vie quotidienne. La réponse est facile mais ne résout rien. En l'occurrence, nous pouvons affirmer que l'explication réside dans le fait que la réalisation des vertus n'est pas d'ordre intellectuel. Le modernisme technologique en est la cause, dès lors qu'il privilégie l'avoir sur l'être, situe l'argent au sommet de tous les pouvoirs en le thésaurisant pour mieux dominer le monde et l'affamer. Il est donc parfaitement normal que les Sages quittent le navire et laissent les orgueilleux le mener au naufrage.

Par conséquent, la plainte est une indélicatesse en la circonstance, voire une incongruité totale. Ne soyons pas hypocrites et regardons-nous bien en face.


Nous allons donc brosser un tableau volontairement drastique de la situation pour, ensuite, établir un bilan et suggérer des solutions et une direction, à l’image d’une pyramide dont chaque pan désigne l’une d’entre elles et le sommet l’orientation.


Notre mental est un outil qui naît, vit et meurt. Il est contraint par des limites et limitations ; sa capacité à appréhender l'existence dépend de la distance prise à l'égard de notre propre subjectivité. Sur le plan maçonnique, l'attitude consiste moins à apprendre et plus à comprendre. « Mieux vaut une tête bien faite qu'une tête bien pleine », constatait MONTAIGNE.

Le danger de l'intellectualisme consiste, en la matière, à transformer une réalité ontologique, transcendantale, en un monstre que constitue sa réfraction à travers le prisme déformant de notre mental conditionné par la culture, les diplômes, les pseudo certitudes et croyances. Cette maladie tue spirituellement car elle confond le cerveau et ses acquisitions avec la cause ultime de celui-ci : le SOI cosmique qui était l'objet de la quête des anciens Templiers, des antiques Sages indous, pour ne citer qu’eux de manière non exhaustive.

Ne nous leurrons point ! L'intolérance, avec comme corollaire l'ignorance engendrant le fanatisme, existe parfois dans la Maçonnerie et vous le savez bien. Il y a souvent un hiatus entre l'idée et la faculté à la réaliser. Autrement dit, l'initiation réelle dépasse l'intellect et ne s'y identifie pas, même si son processus y procède.


L'intelligence est fonction de notre cerveau. Le néo-cortex est d'acquisition récente. Le mental actuel n'est donc qu'une étape, le moment historique d'une évolution exponentielle. Le passé le démontre par le passage du cerveau saurien à celui du mammifère et de l'humain actuel. Demain, l'Homme sera aussi différent de celui d'aujourd'hui, que nous le sommes du crocodile.


La raison essentielle qui peut entraver la plupart des Maçons dans leur recherche spirituelle est dans la confusion des valeurs qui consiste à prendre l'apparence pour la réalité, le symbole pour la vérité.

Sur le plan sémantique un symbole est le signe d'une réalité absente. Ainsi un morceau d'assiette est le symbole de l'assiette entière. Par le moyen de la symbolique l'intelligence peut appréhender ce qui est absent par similitude ou analogie. Cependant le symbole ne désigne pas la réalité mais la suggère ; l'imaginaire reconstruit les éléments manquants de façon projective. L'aberration, pour l'intelligence, consiste à prendre le signe pour la réalité.


Le psychologue russe PAVLOV a établi une science nouvelle, les réflexes conditionnés, sur la base de systèmes symboliques. Ainsi, il a démontré que si l'on associait un signal sensoriel quelconque, à la prise de nourriture pour un animal, celui-ci confondait d'abord le signe avec le plaisir. Puis avec la répétition et la substitution progressive d'un signal inoffensif au départ, au profit d'un autre douloureux (par exemple une décharge électrique) l'animal continuait d'éprouver du plaisir à se nourrir qui l'emportait sur la douleur. Enfin, le seul signal douloureux, sans apport concomitant de nourriture, provoquait la salivation et le plaisir.


PAVLOV avait démontré qu'un symbole quelconque pouvait se substituer à n'importe quelle sensation et provoquer des réactions psychosomatiques, spécifiques. L'expérience réalisée chez l'animal pouvait être reconduite sur l'Homme qui n'est qu'un animal social, comme chacun le sait.


La substitution du signe à la sensation est d'autant plus rapide qu'elle s'appuie sur les plans physique et émotionnel ; ce qui ne veut pas dire qu'elle ne soit pas possible sur le plan intellectuel. On peut toujours arriver à faire prendre des vessies pour des lanternes. Les pulsions fondamentales de l'Homme sont au nombre de 4 :


- la pulsion sexuelle.
- la pulsion agressive.
- la pulsion alimentaire.
- la pulsion parentale.


Ajoutons à cette liste les 7 péchés capitaux énumérés par les églises et nous aurons établi la panoplie du parfait terroriste, expert en manipulation de l'idée et du sentiment. Que font certains Politiques pervers ?


Il suffit, en effet, et sur la base du principe même de la symbolique, d'accoler à une expérience un signe résonnant (c'est à dire faisant appel à l'un des 5 sens, pour créer un lien entre les deux). Ce signe va faire partie intégrante de tout l'ensemble sensoriel. Si nous reprenons l'exemple du morceau d'assiette, symbole de l'assiette entière, par correspondance nous pouvons dire que le nouveau signe sensoriel qui interfère dans n'importe quelle autre expérience en fait partie intégrante, au bout de quelques répétitions. C'est évident, n'est-ce pas ? Il suffira, ensuite, pour le programmeur des consciences, de faire disparaître l'objet principal de l'expérience, pour que l'élément étranger le remplace. Il est même possible, pour les besoins de telle ou telle cause, de procéder au remplacement des symboles par d'autres, en employant la même méthode. Cela va très loin... N'importe quelle pulsion fondamentale peut être manipulée de cette manière ; les religions et certaines politiques extrêmes procédaient d'une manière analogue et y procèdent toujours.


Tout le monde sait très bien qu'il est très facile, par exemple, de fabriquer des Saints, épithète qui désigne les héros reconnus dans le cadre de telle ou telle idéologie, en frustrant des Hommes ou femmes dans certaines de leurs pulsions instinctives. Certains groupes terroristes, des sectes y procèdent. Dès que l'on castre, affame, détruit la cellule familiale, neutralise les défenses naturelles, que se passe-t il ? On crée des fanatiques par compensation. Ces fanatiques en arrivent souvent à tuer, s'ils en reçoivent l'ordre.


Oh ! N'ayons pas bonne conscience, si vite ! L'Occident eut ses moines de l'Inquisition, ses sectes sanguinaires, ses guerres de religion et en connaît encore. Objecter le contraire relèverait d'un pharisaïsme éhonté. Les religions ont voulu réaliser le ciment des sociétés au lieu d'en être le ferment d'éveil ; par conséquent elles manipulent. Certaines idéologies satisfont les estomacs (pas toujours) et endorment la pensée ; elles uniformisent la pensée et le sentiment, standardisent le comportement social à la manière d’un rouleau compresseur. Qui a dit manipulation ? Qui a dit réflexes conditionnés selon la plus pure application de la symbolique appliquée ?


La découverte de PAVLOV permit à la psychologie appliquée de faire un bond prodigieux. Les applications infinies furent aussitôt exploitées par certains Organismes. Les mass médias et la publicité s'en sont aussi emparées. Dans certains camps de rééducation, en Chine et ailleurs, cette méthode fut employée pendant longtemps. Le film « Orange mécanique » est très éclairant en ce domaine. Mais la méthode de la carotte et du bâton, n'est-elle point de la manipulation de ce genre ? Pourtant elle est vieille comme le monde ! On a donc simplement évolué depuis lors.


Les rituélies reposent sur l'emploi de symboles et il serait trop long d'analyser, ici même, leur rôle dans les initiations infinies qui existent dans le monde (vaudous, chamaniques, lamaïques, et cœtera) ou bien dans les mythes qui animèrent les civilisations antiques et motivent celles d'aujourd'hui ; sujet passionnant pourtant mais qu'il vous appartiendra d'étudier si vous en avez la volonté. La symbolique maçonnique utilise des symboles qui ont une vocation plus ou moins heureuse selon l'usage que l'on en fait et quand on le sait.


Il est donc un constat qui a la force de l'évidence : la symbolique maçonnique cache quelque chose et il s'agit de découvrir quoi. Oh, là aussi, ne nous méprenons point. Aucune symbolique n'est sacrée si l'on a bien compris ce qui vient d'être exposé précédemment, au sens d'intouchable, adorable immuable, et cœtera, dans le langage manipulateur que nous avons scientifiquement démonté. Il existe, non pas une seule Maçonnerie, mais plusieurs courants de cet Ordre, comme il n'existe pas une seule morale, mais des morales au pluriel. Il a existé, dans certains pays, des loges et sectes initiatiques racistes et raciales, terroristes, Agences de Renseignement pour des pays étrangers, infiltrées et noyautées, et cœtera. Pour toutes ces organisations et sectes la symbolique est souvent la même mais ses correspondances ne le sont point. La programmation des consciences, par l'explication adaptée des symboles selon le principe pavlovien, est donc spécifique des résultats escomptés. Ne confondons pas ciment et ferment d'éveil. Si les motivations sont impersonnelles, humanistes et universelles, alors elles sont saines.


Il existe une santé au sein de la symbolique maçonnique et, à ce propos, écoutons le grand psychologue Pierre DACO (auteur de livres magistraux en psychiatrie et psychanalyse – confer : Les voies étonnantes de la nouvelle psychologie - Le livre d'une humanité en mutation - Éditions Marabout) :


« Ainsi, vous faites partie de ceux-là qui considèrent que l'humanité se dirige vers une spiritualisation progressive ? Mais vous ne voyez pas ce qui se passe dans le monde ? »


« Ce qui a lieu dans le monde est trop pathologique pour qu'il n'y ait pas une santé quelque part. C'est trop haineux pour qu'il n'y ait pas une bonté. C'est trop absurde pour qu'il n'y ait pas une vérité. C'est trop bête pour qu'il n'y ait pas une intelligence. C'est trop désespéré pour qu'il n'y ait pas une espérance. C'est trop à l'envers pour qu'il n'y ait pas un endroit. Et si cet endroit est aussi positif et puissant que l'envers est négatif et infernal, on peut largement espérer de l'avenir ».


Plus loin, cet illustre Maître en psychologie ajoutait :


« Ci-gît Untel. Il respecta scrupuleusement les critères appris. Il fit tout pour s'y adapter, s'y ajuster, s'y mouler. Il fut médaillé du Civisme social et diplômé de la Sensation refoulée. Il mourut de...(ici peuvent suivre quantité de maladies psychosomatiques: infarctus du myocarde, ulcère, hypertension, hémorragie cérébrale, désir inconscient de mourir). Il mourut parce que, par lassitude d'âme, son corps avait décidé de mourir ».


J'ai voulu citer ce Maître, disciple de JUNG, parce qu'il anticipe l'objet principal du débat ; la Maçonnerie peut, elle aussi, mourir par désir inconscient de mourir et comme l'a si bien démontré Pierre DACO. Car, et nous le savons tous très bien, aucune société évolue en marge des individus qui la composent.


La question se pose donc de la santé à recouvrer ; la seconde sur les moyens ou bien la thérapie. Vaste programme et qu'aucun discours n'a pu résoudre, à ce jour. La plupart des ténors qui se sont succédés à la barre des orateurs ne cherchèrent, souvent, que le succès de leurs idées et non pas la Vérité.


La réponse n'est donc pas dans les discours mais à travers eux, moins dans ce qui est dit et plus dans le non-dit qui est la partie invisible de l'iceberg ; autrement dit, elle réside dans les racines les plus profondes de l'être et non pas chez les sirènes tonitruantes du verbe !


L'essentiel est dans la véritable question que pose la Maçonnerie à l'être humain et que résume la phrase du Sage grec sur le fronton du temple de Delphes : « Connais-toi, toi-même, et tu connaîtras l'Univers et les dieux ». Sentence, Oh combien entendue et lue, mais jamais réellement connue ni vécue. En effet, il n'est pas suffisant de citer un Sage ou un philosophe pour se hisser à son niveau et, en l'occurrence, le vécu inhérent à cet aphorisme n'est pas d'ordre intellectuel. Il s'agit donc d'une formule symbolique qui désigne une réalité absente.


Afin que résonne au plus profond de nous-même la réalité de cette Sentence, la symbolique maçonnique peut nous y aider si son substrat est appréhendé.


L'ensemble de la symbolique maçonnique s'appuie sur l'architecture humaine, interne (la pierre brute) pour converger vers son homologue cosmique, l'architecture divine, (la pierre taillée, HIRAM). Le plomb de l'égoïsme viscéral doit se transformer en l'or de l'universalisme et l'humanisme. Il s'agit de l'actualisation intérieure de toutes nos potentialités.


Cette mutation de l'Homme latent en l'Homme total s'apparente à celle du têtard en grenouille. Il s'agit d'une métamorphose qui aboutit à l'Homme achevé. Ce processus est amorcé dès que l'on entre à l'intérieur de soi, en y dirigeant nos énergies.


Dans la Maçonnerie les symboles les plus évidents sont d'abord les deux colonnes, piliers du temple, la lumière, le damier ou beaucéant, pour ne retenir que ceux-ci.


Depuis des temps immémoriaux chacun sait que le positif se marie avec le négatif. Ce symbolisme est parfaitement connu. Pourtant il n'a presque jamais été totalement vécu sur le plan concret, à l'intérieur des loges, dans la mesure où l'accès aux colonnes fut encore interdit à la mixité, il y a quelques années. Aujourd’hui, cette ségrégation a disparu.


C'est donc dans l'allégresse que je m'adresse à vous, nos Mères, nos Sœurs, en vous communiquant le plus grand hommage qu'un homme a pu vous destiner. Je citerai le grand poète français ARAGON : « La femme est l'avenir de l'Homme ». Nous souscrivons à ce vœu et vous exhortons à nous aider à l'accomplir. Vous êtes l'aspect d'équilibre qui permettra à la Franc-Maçonnerie de devenir le catalyseur d'un nouveau progrès dont le rayonnement social sera d'autant porteur que les limites intérieures de chacun auront éclaté, de manière exponentiellement ouverte et ouvrante. La Maçonnerie s'en trouvera enrichie et la société éclairée. Car vos vertus devront ennoblir l’Homme en le portant vers l’intelligence du cœur. Que la déesse SOPHIA éclaire nos cœurs et nos Âmes ! Quelle soit le vecteur de la pureté de nos actions, pensées et sentiments.


Sur le plan de la désymbolisation, finalité ultime de tout symbole comme nous l'avons déjà expliqué, il n'a pas été enseigné la correspondance sur le plan de la physiologie occulte, comme le suggèrent Robert FLUDD et la Sentence au fronton du Temple de Delphes. Il s'agit, certes, des courants binaires que matérialisent les courants nerveux : sympathique et parasympathique mais, aussi, des deux courants plus subtils de la colonne vertébrale et que l'Inde nomme Ida et Pingala; ces derniers concernent le vrai mystère de la mutation de l'Homme vers le supra mental, chère à un Sri AUROBINDO.


La lumière du pentagramme flamboyant n'a pratiquement jamais abouti à la notion de vision intérieure de celle-ci, bien que le graphe du delta précise qu'il s'agit d'une réalité physiologique, celle de l'ouverture du 3° œil dont le phénomène correspondant est la vision d'une lumière virulente au sein de laquelle scintille le point bleu de la conscience. Cette lumière est le catalyseur de l'éveil de la conscience. Elle est la même qui est gîtée à l'intérieur de nos cellules et attend de se révéler à nous-mêmes. C'est elle qui préside aux univers. Elle est l'ensemble des lois universelles qui régit l'infiniment petit comme l'infiniment grand. La découvrir à l'intérieur de soi c'est la vivre et, par conséquent, devenir semblable à son homologue cosmique, fusionner avec elle et en refléter ses caractéristiques sur l'entourage. Devenir cette lumière c'est, en quelque sorte, actualiser les vertus cosmiques qui sont latentes à l'intérieur de nous-mêmes. C'est devenir un véritable Maître Maçon, un Être humain dont la vertu majeure sera, selon la définition transcendante de SRI RAMANA MAHARSHI :


« D'être débarrassé de l'idée même qu'il est un Réalisé ».


Le beaucéant est incapable de révéler, en acte, comment suivre la voie du milieu en dehors de prescriptions philosophiques reflétant l'orientation de la hiérarchie maçonnique dans l'obédience. Pourtant la réponse est encore, toujours, physiologique ; elle réside dans l'abolition de la dualité par l'éveil d'une énergie mal connue qui s'appelle Kundalini, en Indes, pneuma Aegion chez les gnostiques, Ruach aelohim chez les hébreux.


La réponse aux problèmes dont souffre l'humanité n'a jamais été extérieure aux individus qui la composent et aucune philosophie n'a pu les résoudre. En effet, l'intelligence n'est que la manifestation limitée, forcément, d'une Réalité cosmique qui est le SOI. Tant que le SOI n'est pas réalisé, le mental ne peut fonctionner qu'autour des limites astreintes par l'évolution vers cette Réalité du SOI cosmique, qui est exponentielle. Le cerveau humain ne fonctionne qu'aux 2/10° de ses capacités pour la plupart des gens. Toutes les philosophies ne peuvent donc que refléter ces mêmes limites et limitations. C'est la raison fondamentale pour laquelle la désymbolisation maçonnique ne peut pas être uniquement et de manière restrictive, intellectuelle. C'est la raison pour laquelle tous les livres savants et traités magistraux qui ont paru, restent intellectuels et n'ont rien résolu sur le plan de l'évolution de l'humanité.


La solution est donc ailleurs que dans le mental actuel. Elle est dans l'accès à une réalité ontologique, celle du SOI cosmique qui, lui, reste en dehors des formes qu'il anime à la manière d’un catalyseur. Il convient donc de chercher les moyens de cette désymbolisation, en dehors du mental ordinaire et par l'ouverture vers ce que l'on peut envisager comme « devenir sans cesse autre pour être davantage SOI».


A la réflexion sur les théories pavloviennes, il est évident que les symboles peuvent être déviés, voire détournés, intellectuellement de leur vocation originelle et d'autant plus facilement qu'aucun vécu réel ne sera venu interférer dans un processus de désymbolisation nocif et erroné ; processus qui n'aurait d'ailleurs que peu de chance d'être reconnu si la voix des ténors de la manipulation par le verbe sévissait au profit d'un ritualisme sclérosant de la pensée et du sentiment. Pire parfois, la réalité intérieure du vécu peut être substituée au profit du « mind control ».


Poser ce problème c'est en établir un second. Comment réaliser les promesses véritables de la symbolique maçonnique au profit de la réalité ontologique. Ah !


Afin de répondre à ce nœud gordien nous n'allons pas le trancher avec le couperet du diktat, ni une fuite elliptique, une argutie ou une pirouette intellectuelle, ce qui ne résoudrait rien. Au contraire, nous allons procéder par l'élimination successive des conditionnements de la pensée et du sentiment dont le but est l'uniformisation des consciences, si chère aux manipulateurs par le verbe de tous les pays et de toutes les époques. Évoquons quelques images.


Rêvons, imaginons que la Maçonnerie soit comme un bateau qui promette de quitter le port de la pierre brute (l'Homme, animal social) pour nous mener vers celui de la pierre cubique, taillée (la Conscience humaine totalement éveillée et achevée). Le gouvernail est maîtrisé par un timonier expérimenté, confirmé et avéré (le Réalisé au niveau du SOI). Les matelots (les Maîtres) et le personnel de maintenance (les Officiers) s'activent auprès des machines et passagers (Apprentis et Compagnons) afin de les mener à bon port (la Réalisation du SOI).


Au cours du voyage, des tempêtes peuvent arriver ; des querelles, maladies, décès aussi. Enfin arrive le jour de l'accostage (la Réalisation du SOI) et la fin du voyage est là. Tout le monde descend et le bateau embarque d'autres passagers pour un autre périple. Par analogie, cette aventure n'est-elle pas semblable au périple intérieur des pèlerins de ce monde ?


Cauchemardons maintenant, imaginons que nous nous trouvions en pays d'Absurdie où, naguère, les Lilliputiens s'affrontèrent en de sanglants combats pour savoir qui avait raison de casser les œufs par le gros bout ou bien le petit ! Le bateau quitterait donc le port avec les passagers (Apprentis et Compagnons) ayant, pour timonier, un usurpateur qui grugerait, avec leur consentement ou bien sans lui, les officiers (Maîtres) en dirigeant le navire vers une mauvaise direction. Ou bien encore, imaginons un autre scénario catastrophe. Ce serait un bateau qui ne partirait jamais et dont les marins, passagers, se transformeraient en adorateurs des structures et infrastructures, inaugurant une autre religion dont le DIEU serait le timonier qui les ferait jouer à « comme si nous partions » et qui ne partiront jamais...; sinon à l'heure de la mort !


Ah ! Vous m'avez compris !


Un navire est un instrument, un outil. Il a une utilité conventionnelle, précise. Avant le départ, il n'est que le symbole du voyage. Mais, dès qu'il quitte le port d'attache et arrive à destination, le symbole a bien disparu au profit de la réalité qui, seule, nous intéresse évidemment.


Le bateau n'est devenu vivant qu'à son départ, dès qu'il a pris la mer ; avant son envol il était comme endormi, mort. Sa nature est de prendre la mer et uniquement cela. Pour la Maçonnerie, il en est de même.


LAO TSEU a dit :


« Quand le Sage montre la lune, l'imbécile ne voit que le doigt ».


Les Maçons agissent de même dès qu'ils se concentrent sur les moyens et ignorent les résultats à atteindre. Pourtant la Maçonnerie a pour obligation les moyens et pour vocation les résultats. Ce constat s'avère car il a toute la force de l'évidence.


S'il y a symbole c'est qu'il existe une réalité autre dont il est le signe ; c'est une connaissance acquise par tous, désormais. Mais quelle est cette évidence en Maçonnerie ? Qui a l'autorité requise pour désymboliser en montrant, du doigt révélateur, la vérité ? N'est-il pas enseigné que celui qui parle ne sait pas et celui qui sait ne parle pas ? Comment résoudre le dilemme de la double nécessité de la parole et du silence dès que l'on est conscient du danger de la désymbolisation qui, au lieu d'éclairer, peut aveugler, comme une lumière trop violente ? Transformer un aveugle né en un aveugle formé n'est pas la solution.


La réponse à ce problème est dans la révélation de clefs symboliques, complémentaires, laissant à chacun la possibilité et la liberté d'actualiser, ou non, sa réalité intérieure. Alors la double nécessité du silence et de la parole est résolue.


La solution aux problèmes de l'humanité sera biologique ou bien elle ne sera pas. Tant pis pour les religions, dogmes et sectarismes de toutes sortes. Car il n'existe aucune religion qui soit supérieure à la vérité. Et cette vérité n'est jamais un acquis intellectuel. Elle est l'état ultime de la conscience totalement éveillée et achevée. Elle ne peut donc être que concomitante de la transformation progressive des structures psychiques et somatiques. L’humanité devra inaugurer, prochainement, un saut évolutif, qualitatif, brusque vers de nouvelles conceptions de la Responsabilité individuelle et collective. Il nous faudra, à tous, devenir plus Responsables ! Encore et toujours de manière exponentielle. Autrement notre monde ira encore plus mal. Les guerres, famines dans certaines contrées, terrorismes pluridimensionnels, le saccage de la planète par une consommation démentielle des ressources naturelles, la démographie galopante - dans quelques décennies la terre connaîtra près de 12 milliards d’individus - tout cela pose plus de problèmes que l’on s’en doute et les Scientifiques s’en émeuvent en silence.


La désymbolisation, au sein de la Maçonnerie, est évoquée à travers le dépouillement des métaux qui n’enseigne rien d'autre que cette nécessité. A la différence de certaines organisations sectaires, qui déstructurent pour restructurer ensuite selon le principe pavlovien, le catalyseur de cette désymbolisation est dans l'intervention saine et salubre d'un élément transcendant pour l’actualisation libératrice des potentialités ontologiques. Il ne peut donc pas être une technique.


Autrement dit, il ne s'agit plus en l'occurrence de substituer à la démarche spirituelle de la transmutation du MOI en SOI cosmique, une symbolique éventuellement manipulatrice et articulée par quelque génie malfaisant mais, au contraire, ouvrir les structures cellulaires, mentales, à leur cause suprême qui est d'ordre universel. Il s'agit plus exactement du processus d'immanence et transcendance qui définit toute forme d'existence.


D'aucuns pourraient objecter que, essentiellement, ce processus existe à l'état naturel dans la Vie elle-même et, en conséquence, il est inutile d'y interférer. Alors, pourquoi la Maçonnerie ?


Cette question ultime nous ramène à l'objet principal de notre propos ; il convient de définir une orientation qui conjugue l'ancien et le présent, et converge sur la Réalisation du Soi. Il s'agit de réactualiser un humanisme en prise directe sur notre temps après marcottage sur le terreau du passé. Il s’impose qu’un large débat d’idées s’ouvre entre tous les Francs-Maçons et Hommes de bonne volonté, dans la transparence et l’honnêteté intellectuelle et morale.

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